Eglises d'Asie

Jammu-et-Cachemire : le massacre de 24 hindous dans un village isolé provoque une grande émotion chez les partisans de l’actuelle politique de réconciliation de l’Etat

Publié le 18/03/2010




A la fin du mois de mars dernier, un massacre effectué dans un village situé au pied de l’Himalaya, dans la province du Cachemire, a provoqué une immense émotion dans l’Inde toute entière et a particulièrement choqué la communauté chrétienne qui a exprimé un peu partout sa vive réprobation. Le 23 mars, des militants islamistes revêtus d’uniformes de l’armée indienne ont pénétré dans le village de Nandimag, localité reculée du district de Pulwama, un des derniers lieux du Cachemire où les hindous continuent de vivre. Ils y ont massacré 24 habitants, appartenant à une haute caste connue sous le nom de caste des “Pandits du Cachemire Les agresseurs, au nombre de huit ou dix, ont tiré les habitants de leurs maisons, ont aligné ceux qui n’ont pu s’enfuir le long du mur d’un temple et ont ouvert le feu sur eux. Selon la police, il ne fait pas de doute que les auteurs du massacre soient des islamistes militants qui luttent pour l’indépendance du Cachemire depuis 1989. Cette tuerie est venue encore renforcer les tensions déjà existantes entre l’Inde et le Pakistan.

Dès le 25 mars, la Conférence épiscopale de l’Inde a publié une déclaration condamnant le massacre et dénonçant le dessein pervers de ceux qui sont déterminés à faire obstacle au processus de paix en cours. Les évêques déplorent que les rebelles, une fois de plus, aient exercé leur violence sur des innocents, entraînant d’immenses souffrances au sein du peuple de la vallée du Cachemire. Par ailleurs, rappelant le lourd bilan des 70 000 morts tombés au cours des heurts qui, depuis 1989, opposent les rebelles musulmans à l’armée indienne, la déclaration épiscopale presse le gouvernement fédéral, comme le gouvernement de l’Etat, d’intensifier encore davantage le processus de paix actuel. Sous ce terme, processus de paix, les évêques semblent désigner la nouvelle politique dite “thérapeutique” mise en place par la coalition détentrice du pouvoir dans l’Etat depuis novembre 2002, une politique qui vise à calmer les tensions au maximum. C’est au nom de cette nouvelle politique, que le ministre-président, Mufti Mohammed Sayyed, a démantelé les forces spéciales de la police anti-terroriste, unanimement détestées par la population, et libéré de prison un certain nombre de dirigeants de la rébellion. Le gouvernement a aussi encouragé les hindous à revenir dans la vallée du Cachemire. Cependant, le ministre-président, dans une récente déclaration sur les lieux mêmes de la tuerie, a avoué que ce massacre avait fait subir un cuisant échec à sa politique d’apaisement.

Dans l’Inde chrétienne, le massacre a été unanimement dénoncé. Un communiqué signé conjointement par le Conseil catholique panindien, le Conseil chrétien panindien, la Commission ‘Justice et paix’ de New Delhi, l’Association des jeunes chrétiens de ce même diocèse, a qualifié l’incident en question de “crime contre l’humanité Le communiqué conjoint ajoute également que chaque fois qu’un mouvement pour la paix se dessine, il est, la plupart du temps, stoppé par un acte de ce genre. Il faut donc que le gouvernement réprime les coupables avec une particulière sévérité. Adoptant un point de vue analogue, l’évêque de Jammu Srinagar, Mgr Peter Celestine Elampasserz, a exprimé son inquiétude de voir les récents efforts de paix réduits à néant par les derniers événements. Selon lui, la tuerie de Nandimarg avait pour objectif de dissuader les hindous de revenir dans la vallée. C’est également l’avis du P. Jose Vadakkel, directeur de l’école Saint Joseph à Baramullah, localité située au nord-ouest de Srinanagar, désormais pratiquement désertée par les hindous.

Les milieux militants islamistes ont une toute autre interprétation des faits. Sayend Salahuddin, responsable du groupe militant Hizbul Mujahidin dans la partie pakistanaise du Cachemire, a attribué l’initiative de l’attaque de Nandimag aux forces de sécurité et aux agences d’espionnage indiennes qui auraient ainsi voulu salir “la vaillante et juste lutte des combattants pour la liberté du Cachemire”.