Eglises d'Asie

L’appui du cardinal Kim Sou-hwan à l’envoi de troupes sud-coréennes en Irak a provoqué des réactions mitigées dans le pays

Publié le 18/03/2010




Le 29 mars dernier, les propos tenus par le cardinal Stephen Kim Sou-hwan, ancien archevêque de Séoul, sur les ondes de la radio de l’archidiocèse de Séoul ont provoqué des réactions mitigées dans le pays. Ce jour-là, le cardinal a approuvé la décision prise quelques jours auparavant, le 13 mars 2003, par le président Roh Moo-hyun d’envoyer sept cent soldats sud-coréens, prélevés parmi les troupes non combattantes (des ingénieurs et des médecins), appuyer l’armée américaine en Irak. “Je ne suis pas sûr qu’il soit incorrect de dire que nous pouvons envoyer des personnels militaires [.] pour reconstruire les infrastructures détruites et soigner les blessés a-t-il notamment déclaré, ajoutant que la décision du gouvernement avait été “longuement mûrie” et pensée pour prévenir une guerre sur la péninsule coréenne.

Sur les ondes de la radio diocésaine Pyonghwa, le cardinal a expliqué que le gouvernement sud-coréen, en s’affichant aux côtés des Etats-Unis sur le dossier irakien, souhaitait s’assurer qu’une solution pacifique soit trouvée à la question nord-coréenne à un moment où Washington adoptait une ligne politique dure face à la Corée du Nord. Le lendemain de l’intervention du cardinal Kim, le Chosun Ilbo, premier journal du pays par sa diffusion, publiait un éditorial saluant la prise de position du responsable catholique, écrivant que le cardinal avait été la voix de l’homme de la rue. S’adressant aux parlementaires opposés à l’envoi en Irak de soldats sud-coréens, l’éditorialiste leur conseillait d’écouter le cardinal. Le 2 avril, le Parlement votait une résolution approuvant l’envoi des troupes aux côtés des Etats-Unis.

Critiqué par nombre de responsables catholiques, le cardinal Kim a maintenu sa position. Le 31 mars, il rappelait à l’agence Ucanews que, lors de son intervention du 29 mars, il avait clairement indiqué sa ferme opposition à la guerre en Irak, à l’image du pape et d’une grande partie de la communauté internationale. Mais, précisait-il encore, le calcul du président Roh était d’afficher son soutien aux Etats-Unis en Irak pour les convaincre que la question nucléaire entre eux et la Corée du Nord ne pourrait être résolue par la guerre.

Pour Regina Pyon Yeon-shik, co-présidente de la Maison coréenne pour la solidarité internationale, un mouvement pour la paix et les droits de l’homme, “le cardinal a eu tort car la guerre des Etats-Unis en Irak est illégale et immorale”. Réagissant le 31 mars dernier, elle estimait que la décision d’envoyer des personnels militaires en Irak ne pouvait être prise au nom des “profits que la nation pouvait en tirer”. Pour le P. John Kwak Dong-cheol, président de la Commission ‘Justice et paix’ du diocèse de Cheongju, les relations entre les Etats sont instables et évoluent en permanence. Pour cela, la Corée du Sud devrait s’en tenir aux principes dictés par la morale et adopter résolument une attitude anti-guerre. Selon lui, la décision du président Roh est une décision “à courte vue”.