Maharastra : des chrétiens protestent contre l’introduction d’une statue de divinité hindoue dans leur église

Lors de la manifestation du 23 mars, qui s’est déroulée sous la protection de la police, les chrétiens ont dépassé leur protestation particulière pour revendiquer le droit de professer, de pratiquer et de propager la religion de leur choix, un droit reconnu par la Constitution indienne. Le 25 mars suivant, le superintendant de police annonçait que 13 coupables avaient été arrêtés, tous membres de groupes hindous d’extrême droite. Ceux-ci avaient été traduits devant le tribunal, le même jour, sous l’accusation d’offense au sentiment religieux et d’incitation à la violence religieuse et à la haine intercommunautaire. Cependant le tribunal les a immédiatement libérés sous caution après leur avoir fait promettre de ne plus causer d’autres troubles publics dans la région.

Nitin Gadkari, un homme politique pro-hindou, dirigeant de l’opposition au sein de l’Assemblée législative du Maharastra, a critiqué publiquement l’action de la police, affirmant qu’elle avait arrêté sans nécessité de bons citoyens et engagé inutilement contre eux une action judiciaire. Il a rapporté que lors d’une visite au village de Pattapangra, les anciens lui avaient rapporté qu’aucune église n’existait à cet endroit, il y a cinquante ans. L’alliance biblique aurait fait construire cette église sur un site où se trouvait déjà un temple hindou élevé par les membres d’une ethnie minoritaire. Le député a également déclaré qu’il soulèverait cette question à la prochaine réunion de l’Assemblée législative de l’Etat et demanderait un rapport complet au gouvernement sur ce sujet.

Cependant, le révérend D.B. Kulothungam, qui est le secrétaire général de l’association chargée de desservir cette église, a répliqué que c’est en 1996 qu’il avait obtenu la propriété du terrain et construit l’église après qu’il en eut obtenu l’autorisation des autorités. Le village, il y a dix ans, à l’époque de la première prédication chrétienne, ne comportait que huit familles chrétiennes. Il y a aujourd’hui 42 familles baptisées. Cependant ce n’est pas la première fois que, dans cette paroisse, les hindous manifestent leur agressivité. En l’année 2000, les militants hindouistes avaient déjà obligé le pasteur à quitter le village. Depuis lors, un pasteur vient au village chaque semaine pour y assurer le service religieux.

Cette profanation d’église a eu lieu le lendemain même d’un autre incident anti-chrétien survenu dans le même Etat de Mahrastra, mais dans un autre district, le district de Ahmednagar (1). Six hommes avaient roués de coups deux prêtres catholiques de la région. Arrêtés par la police, les coupables avaient reconnu appartenir au Rashtriya Swayamsevak Sangh (Corps national de volontaires, RSS).