Eglises d'Asie

Mandaté par la province chinoise des jésuites, l’Institut Ricci de Taipei prépare le lancement d’une revue de réflexion destinée à l’ensemble du monde chinois, Chine populaire comprise

Publié le 18/03/2010




La province chinoise des jésuites a chargé l’Institut Ricci de Taipei de préparer le lancement d’une revue de réflexion et d’analyse destinée à l’ensemble du monde chinois. Intitulée Renlai (de ren : l’homme, le genre humain et de lai : instrument à vent fait de trois à six anches de roseau), le numéro zéro devrait être prêt en juin 2003 et le lancement effectif de la revue est prévu pour janvier 2004. Selon l’artisan du projet, le P. Benoît Vermander, SJ, de l’Institut Ricci de Taipei, la revue peut être comparée dans son inspiration à la revue Etudes pour le monde francophone et aux autres revues animées par les jésuites de par le monde. Son objet est de contribuer à la réflexion dans le monde chinois en abordant une diversité de thèmes dans les domaines sociaux et culturels, sans s’interdire les champs de la politique et de la théologie. Le P. Vermander souhaite que Renlai devienne “une revue de débats culturels d’inspiration chrétienne en monde chinois”.

Revue de réflexion, Renlai se situera à mi-chemin entre les journaux grand public et les publications universitaires. Selon son promoteur, elle devra être “lisible par les nouvelles générations diplômées mais n’appartenant pas aux cercles universitaires, et adoptera un format tabloïd en faisant appel à un usage “créatif” des techniques contemporaines de mise en page et d’illustration. Composé de 60 à 65 pages, chaque numéro de ce mensuel comportera un tiers d’articles traduits de langues étrangères destinés à apporter au public chinois les débats contemporains du monde non chinois et deux tiers d’articles inédits. Pour cette dernière partie, le P. Vermander souhaite faire appel à de jeunes intellectuels ou à de jeunes auteurs de langue chinoise qui sont prêts à proposer une approche personnelle des débats actuels. Imprimée pour l’heure à Taipei, la revue vise à se développer sur le marché taiwanais mais aussi et concomitamment sur l’ensemble du monde chinois, Chine populaire comprise. Une diffusion partielle, via un site Internet, y contribuera dans un premier temps avant que des accords, voire l’attribution d’une licence de publication, permettent un accès direct au public de Chine continentale (1).

Selon le P. Vermander, Renlai est conçue pour être “une revue ouverte, interdisciplinaire et pluraliste”. Il s’agit de trouver un langage nouveau pour présenter une pensée chrétienne contemporaine, tout en accueillant le travail et les intuitions d’autres traditions et en réfléchissant ensemble aux défis de l’heure en contexte chinois. A titre d’exemple, poursuit-il, un des thèmes à l’étude pour un des premiers numéros de la revue est “l’échec”. En Chine continentale comme à Taiwan, le culte du succès est très largement partagé. Dans ce contexte, explique le P. Vermander, que peut nous apporter une réflexion sur nos échecs ? Pourquoi écouter les expériences de personnes qui ont connu l’échec, que ce soit dans les domaines personnel, académique ou économique ? Peut-on apprendre des échecs des autres ? Qu’en est-il des “échecs de Dieu” dans le domaine de la foi ?

Avec pour objectif, dans un premier temps, un public de trois mille abonnés, Renlai se donne trois ans pour parvenir à l’équilibre financier. A l’horizon 2005, une version anglaise de Renlai devrait voir le jour, sur un rythme trimestriel, afin d’apporter au monde non sinophone la partie la plus originale des contributions qui auront trouvé à s’exprimer dans les colonnes de la revue en chinois. En Chine populaire même, des contacts ont été pris avec des maisons d’édition à Pékin afin de publier sur place une partie du contenu de la revue sous forme de livres, l’objectif étant de créer des événements et de stimuler la réflexion.