Eglises d'Asie – Inde
Manipur : un coopérant protestant allemand est enlevé par les membres d’un groupe rebelle puis libéré plus de deux semaines plus tard
Publié le 18/03/2010
Quelques jours plus tard, un rapport de la police locale informait le public que le groupe de rebelles appartenait à l’armée de libération Kuki et qu’il demandait une rançon de 10 millions de roupies (200 000 euros) pour la libération du coopérant allemand. La population locale connaît bien cette armée de libération, l’un des vingt groupes indépendantistes opérant dans la région, surtout célèbre pour les enlèvements effectués par elle et pour les rançons exorbitantes exigées de certains individus et de certaines institutions. Ces groupes sont généralement de petite taille : l’armée de libération Kuki ne comprend pas plus de 23 membres en tout. Le peuple Kuki dont le groupe de kidnappeurs se dit le représentant, vit dans la région montagneuse du Manipur et adhère dans sa grande majorité, à la foi chrétienne.
La population de la région s’est émue de cet enlèvement et s’est mobilisée pour la libération du coopérant allemand. De son côté, la police renforcée d’unités paramilitaires a lancé une vaste opération de recherche. Les deux associations caritatives partenaires, indienne et allemande, ont elles aussi fait savoir qu’elles s’employaient à libérer le coopérant allemand sans verser de rançon.
Le 9 avril dernier, la porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, parlant sous le couvert de l’anonymat, a annoncé que la travailleur humanitaire, venait d’être libéré mais refusait de donner davantage de détails sur les conditions de sa détention et de sa libération (1). En particulier, elle n’a pas révélé si son gouvernement avait satisfait les exigences de rançon du groupe rebelle. C’est la seconde fois que les militants rebelles enlèvent un étranger dans cette région. Il y a deux ans, deux experts agricoles japonais avaient été enlevés et relâchés après quelques jours de détention.
Depuis 1990, six prêtres catholiques ont été assassinés, un autre blessé, pour avoir refusé de payer la somme d’argent exigée d’eux par des groupes opérant dans l’Etat du Manipur (2). En 1990, le P. Mathew Manianchira, principal d’une école, avait été tué alors qu’il présidait une réunion matinale dans son établissement. En 1992, le P. Sebastian Vadakkethannikal avait été blessé par balles alors qu’il refusait de verser les 700 000 roupies qui lui étaient demandées. Le 22 novembre 1997, le P. Jose Nedumattathil a été tué par balles dans son bureau du Collège Don Bosco de Mara. Le 13 décembre 2000, le P. Jacob Chittinapilly, vicaire de la paroisse de Sugnu, de l’archidiocèse d’Imphal avait été tué à bout portant, apparemment en représailles pour le refus de l’Eglise de répondre favorablement aux demandes d’argent formulées par la guérilla locale. Enfin, l’assassinat de trois missionnaires salésiens, le 15 mai 2001, avait suscité une grande émotion dans l’Inde toute entière (3).