Eglises d'Asie

Pour la première fois de sa jeune histoire, la petite Eglise catholique de Mongolie a organisé une récollection pour adultes

Publié le 18/03/2010




L’Eglise catholique de Mongolie, établie il y a seulement dix ans, a organisé le 15 mars dernier une journée de récollection pour l’ancien groupe de jeunes, maintenant devenus adultes, d’Oulan-Bator. Celle-ci s’est tenue dans une petite maison de retraite à Handgait, un lieu pittoresque dans les montagnes à 15 km. de la capitale. Le P. Pierre Kasemuana, un prêtre congolais, leader du groupe, a expliqué, dans une interview accordée peu après, que le principal objectif avait été de permettre aux participants d’apprendre à mieux se connaître, sans oublier pour autant d’aider les catholiques à partager leur foi et leurs amis, catéchumènes ou non, à découvrir la liturgie chrétienne.

Sur les cinquante-huit participants à cette récollection, huit seulement étaient baptisés, les cinquante autres, s’ils assistent à la messe régulièrement, n’ont pas encore reçu le baptême et sont essentiellement des amis, des parents de baptisés, plus quelques autres personnes, intéressées surtout par une aide matérielle éventuelle, a expliqué le P. Kasemuana, qui rappelle que l’Eglise en Mongolie ne compte que 136 baptisés et quelques groupes de jeunes (1). “Nos jeunes sont devenus adultes et nous avons formé avec eux un nouveau groupe a encore précisé le missionnaire africain, premier prêtre catholique à avoir été ordonné sur le sol mongol (2).

C’est Mgr Wenceslas Padilla, préfet apostolique d’Oulan-Bator, qui a inauguré cette récollection par une messe. Berthold Schaefer, un catholique allemand qui y assistait, a apprécié la manière dont Mgr Padilla officiait, expliquant “ce qu’il faisait et ce qui se passait pendant la messe” plutôt que de faire réciter des prières. Après cette eucharistie, le diacre Serge Patrick Mondomobe, Camerounais, a parlé de la création du monde. “L’essentiel de mon message est que Dieu a créé le monde et que notre devoir est de travailler à l’améliorer a-t-il commenté.

Selon le P. Kasemuana, les adultes, à cause de leur travail et de leurs obligations familiales, ne peuvent pas participer autant qu’ils le souhaiteraient aux activités proposées par l’Eglise : “Certains ont plusieurs emplois et peu de temps libre mais leur volonté de participer à la vie de l’Eglise est réelle.” Il a également admis qu’il était difficile pour les Mongols “de proclamer ouvertement leur foi catholique” dans un pays où la plupart de leurs compatriotes sont soit bouddhistes soit athées. Souvent très isolés au sein de leur famille et malgré l’assentiment des leurs, ils sont considérés quelquefois comme “anormaux”. Aussi préfèrent-ils vivre leur religion secrètement quand ils sont au milieu de leurs amis ou de leurs compagnons de travail.

Les enfants et les jeunes, quant à eux, peuvent plus facilement afficher leur religion parce que leur entourage fait preuve de plus de tolérance et de largeur d’esprit à leur égard. “Il faut que l’Eglise rende sa présence significative à la totalité de la société mongole afin que les catholiques puissent être fiers de leur foi. Les gens ne connaissent pas l’Eglise catholique et par conséquent ne nous font pas confiance”, a expliqué le P. Kasemuana.

Chinzorig, âgé de 40 ans, a témoigné qu’il était souvent embarrassé d’avouer son appartenance à la communauté catholique. “J’ai suspendu un chapelet au rétroviseur de ma voiture, là où les autres conducteurs mongols affichent d’habitude une amulette bouddhiste et l’on me pose souvent des questions sur cet objet. Je dis que c’est mon Dieu. Alors les gens me regardent et quelquefois rient. Quant à mes amis, ils m’appellent chrétien ‘uulan’, ce qui veut dire “chrétien fanatique”. Bien que la plupart des Mongols ne fassent pas de différence entre les diverses dénominations chrétiennes, ils “respectent généralement la croyance d’autrui”. Chinzorig est catholique depuis un an. Ses deux filles, âgées de 13 et 15 ans, ont été baptisées les premières, il y a trois ans, et l’ont amené à s’intéresser à la foi chrétienne. Désormais, c’est sa femme qui se prépare au baptême.