Eglises d'Asie

Selon Amnesty International, les neveux et la nièce du P. Thadée Nguyên Van Ly n’ont, en aucune façon, commis de crime d’espionnage

Publié le 18/03/2010




Au début du mois de novembre 2002, était porté à la connaissance du public, le texte intégral d’un acte d’accusation (1) détaillant les activités prétendues subversives de trois neveux du P. Thadée Nguyên Van Ly. Celui-ci qui, depuis novembre 2000 s’était fait l’animateur d’une campagne pour la liberté religieuse, avait été arrêté le 17 mai 2001 (2) et condamné, le 19 octobre suivant, à quinze ans de prison fermes suivis de cinq années de résidence surveillée (3). Il est aujourd’hui en camp d’inter-nement au Nord-Vietnam. Ses trois neveux, Nguyên Vu Viêt, Nguyên Truc Cuong et Nguyên Thi Hoa, avaient été arrêtés entre le 13 et le 19 juin 2001, environ un mois après l’arrestation de leur oncle.

Cet acte d’accusation de cinq pages émanant du Parquet populaire suprême et signé du procureur Nguyên Manh Viên détaillait un nombre considérable de faits jugés répréhensibles. Les trois neveux auraient été en contact avec une organisation réactionnaire des Etats-Unis et lui auraient fourni des informations sur la situation du Vietnam, ainsi que sur leur oncle emprisonné. En outre, ils auraient reçu de cette même organisation des documents déformant la politique religieuse du Parti et de l’Etat et s’opposant au gouvernement de la République socialiste du Vietnam. En fin de compte, l’acte d’accusation concluait que les trois inculpés étaient coupables du crime d’espionnage, tel qu’il est défini à l’article 80, section 1, du Code pénal, ainsi libellé : “Est passible de douze à trente ans de prison, d’emprisonnement à vie ou de la peine capitale, quiconque a commis un des crimes suivants : … fournir des secrets d’Etat à une nation étrangère ou les recueillir dans l’intention de les lui livrer.”

Dans un document de neuf pages paru le 10 avril dernier, Amnesty International se livre à une analyse minutieuse de l’acte d’accusation porté contre les parents et collaborateurs du P. Ly. Dans son texte, l’organisation internationale de défense des droits de l’homme montre que les faits reprochés par le Parquet n’ont aucun rapport avec l’espionnage. Les trois parents du P. Ly étaient en réalité en rapport, les uns, avec le Comité pour la liberté religieuse au Vietnam, dont le siège est aux Etats-Unis et les autres, avec une chaîne de radio de langue vietnamienne aux Etats-Unis, Radio Quê Huong. Le Comité comme le poste d’émissions radiophoniques étaient uniquement désireux d’acquérir des informations de caractère non politique et ne constituant en rien des secrets d’Etat.

Le jugement porté est sans ambiguïté. Amnesty International se dit convaincue que l’ensemble des activités attribuées aux inculpés par l’acte d’accusation sont parfaitement légales au regard du droit international aussi bien que de celui de la plupart des pays du monde. Considérer ces activités comme de l’espionnage, une accusation qui, selon l’article 80 du Code pénal vietnamien, peut entraîner la peine de mort, constitue un usage pervers de la législation en matière de sécurité nationale, qui va à l’encontre des droits de liberté d’expression et d’association. En conséquence, Amnesty International affirme sa conviction que les accusations portées contre les trois neveux sont en relation directe avec l’arrestation de leur oncle et relèvent d’une motivation uniquement politique. L’association humanitaire conclut en exigeant la libération immédiate et inconditionnelle des trois inculpés.

Selon Amnesty International, l’acte d’accusation révèle au grand jour la nature des méthodes utilisées pour pourchasser les dissidents. Il contient en effet non seulement la date mais aussi le contenu complet d’un certain nombre de lettres électroniques, d’appels téléphoniques et de fax émis par les inculpés. Il ne fait pas de doute que la police a eu accès à leurs messages Internet et a mis sur écoute leurs téléphones personnels.