Eglises d'Asie

Timor occidental : mises à mal par les réfugiés est-timorais, les forêts de la région sont au cour de la campagne de Carême des catholiques locaux

Publié le 18/03/2010




Au Timor occidental, dont la population est majoritairement chrétienne, environ 20 000 personnes de différentes religions se sont jointes à la campagne de reboisement initiée par le diocèse catholique d’Atambua à l’occasion de sa campagne de Carême. Un reboisement rendu nécessaire après les dégâts causés aux forêts par les réfugiés est-timorais à la recherche de terres à cultiver pour survivre.

Mgr Antonius Pain Ratu, évêque d’Atambua, a inauguré cette campagne par une messe célébrée le 6 mars dernier au village de Lakukun occidental, au sud d’Atambua. Lors la messe célébrée en plein air au sein même de la zone à reboiser, Mgr Ratu a béni les jeunes arbres apportés par les fidèles : teck, anacardier (noix de cajou) et acajou. Plusieurs groupes religieux et associations locales avaient apporté quelque 10 000 arbustes de ces mêmes espèces. A l’issue de l’office, l’évêque a planté le premier jeune teck. Se sont joints à lui des représentants des communautés locales hindoue, musulmane et protestante ainsi que des membres des autorités civiles locales. Quelques jours auparavant, Mgr Pain Ratu avait exprimé son inquiétude au sujet de possibles affrontements entre Timorais occidentaux et les Est-Timorais toujours présents au Timor occidental. En janvier 2003, selon des statistiques officielles locales, ces derniers étaient encore au nombre de 25 200 et l’évêque d’Atambua exprimait son incompréhension face à l’apparente incapacité des autorités indonésiennes à fermer les camps de réfugiés, soit en organisant le rapatriement des réfugiés au Timor-Oriental soit en les autorisant à s’installer pour de bon en Indonésie.

D’après l’Office local des forêts, les réfugiées est-timorais ont endommagé 90 % des 13 500 hectares des “forêts ancestrales protégées” de la zone. Pour les 250 000 Est-Timorais qui avaient fui les violences consécutives au référendum d’août 1999 organisé par l’ONU et qui a abouti à l’indépendance du Timor-Oriental, il s’agissait, une fois arrivés au Timor occidental, de survivre. Pour cela, ils ont largement déboisé pour planter du maïs, du riz, des pommes de terre et des patates douces, particulièrement après que l’aide internationale ait cessé de leur parvenir à la suite du meurtre de plusieurs représentants des services humanitaires onusiens à Atambua (1). Aujourd’hui, la plus grande partie de ces réfugiés est retournée au Timor-Oriental mais certains sont toujours présents au Timor occidental (2). Selon Aniceto Mendes, responsable du camp de Wemer-Kateri, 209 familles vivent encore dans le camp dont il est le chef.

Au cours de la messe du Mercredi des Cendres, célébrée dans sa cathédrale d’Atambua, Mgr Ratu avait lancé un appel aux milliers de catholiques de son diocèse, y compris aux réfugiés est-timorais, pour, comme campagne de Carême et participation de l’Eglise au bien commun, travailler ensemble au reboisement des forêts. Il a déclaré à cette occasion qu’il comprenait pourquoi les réfugiés avaient dû déboiser pour survivre mais que tous, réfugiés ou non, devaient “se repentir” et partager la responsabilité du reboisement pour la sauvegarde de l’environnement. Selon Alberto Leite, réfugié est-timorais, près de 2 000 réfugiés ont répondu à l’appel immédiatement après la messe et sont allés planter de jeunes arbustes.

Les responsables des différentes instances religieuses locales s’étaient rencontrés le 22 février dernier pour organiser cette campagne de reboisement. Muhamad Hassan, responsable musulman, et I Made Suestrasari, responsable des hindous balinais, ont déclaré que la campagne de reboisement avait été l’occasion pour eux d’approfondir la coopération interreligieuse et qu’ils avaient été heureux d’y participer. C’est en novembre dernier que le conseil pastoral du diocèse d’Atambua avait décidé que la présente campagne de Carême serait consacrée au reboisement et que le gouvernement local y serait associé.