Eglises d'Asie – Singapour
Un prêtre catholique, curé de paroisse, a été mis en examen pour détournement de fonds
Publié le 18/03/2010
Selon le Straits Times qui rapporte l’affaire dans son édition du 10 avril, les virements des comptes de la paroisse Ste Teresa opérés par le P. Joachim Kang sur son compte bancaire personnel ont concerné des sommes allant de 20 000 à 1 million de dollars de Singapour. En outre, du fonds dédié aux investissements immobiliers de la paroisse, 300 000 dollars de Singapour ont été par lui détournés. Selon certaines sources locales, le Conseil financier de la paroisse ne s’est pas aperçu des détournements car le P. Joachim Kang aurait profité de l’existence de deux comptes ouverts au profit de la paroisse pour virer des sommes de l’un sur l’autre. Propriétaire de deux appartements de luxe, acquis respectivement pour 800 000 et 1,6 millions dollars de Singapour, le P. Joachim Kang aurait fini par attirer l’attention du fisc singapourien, intrigué par la prospérité financière d’un simple curé de paroisse. S’il est reconnu coupable, le P. Joachim Kang risque une peine maximale de dix ans de prison et une forte amende.
Curé de Ste Teresa durant douze années, avant son transfert à la paroisse de la Sainte Trinité de Tampines l’an dernier, le P. Joachim Kang était un prêtre apprécié. Selon Mgr Nicholas Chia, les motifs du P. Joachim Kang et les circonstances dans lesquelles il a détourné ces fonds ne sont pas connus. Dans son communiqué du 9 avril, l’archevêque a rappelé que, selon les procédures actuelles, chacune des paroisses du diocèse soumet chaque mois un rapport financier détaillé et doit répondre immédiatement des incohérences éventuellement constatées dans les comptes par les services centraux du diocèse. Cependant, a-t-il ajouté, « nous allons procéder à une révision de notre système comptable avec l’aide de consultants. Au cas où une vulnérabilité apparaîtrait, des mesures correctives seront prises ». La veille de l’inculpation du P. Joachim Kang, Mgr Nicholas Chia avait convoqué une réunion extraordinaire du presbyterium afin d’informer de l’affaire l’ensemble de ses prêtres. Selon certains observateurs, même si le P. Joachim Kang est un cas isolé, l’affaire témoigne du malaise existant au sein de l’Eglise catholique de Singapour où, bridée par un pouvoir politique cherchant à circonscrire les activités de l’Eglise dans la sphère privée et confrontée à l’absence de direction pastorale sous le prédécesseur de Mgr Chia, une partie du clergé local s’est lancée dans les années 1990 dans les constructions, dépensant des sommes importantes que certains auraient voulu voir employées ailleurs (1).