Eglises d'Asie – Vietnam
Après deux ans de désintoxication dans les établissements prévus à cet effet, les drogués de Hô Chi Minh-Ville seront rééduqués pendant deux années supplémentaires
Publié le 18/03/2010
Le journal officiel des syndicats (1) a fait état d’un rapport rédigé par les services concernés et porté à la connaissance du Comité permanent de l’Assemblée nationale. Il consigne la situation générale en matière de drogue et plus particulièrement les résultats obtenus à l’issue de l’application de la loi de prévention et de lutte contre la drogue adoptée il y a deux ans. Le texte affirme que la loi en question laisse encore subsister de nombreuses difficultés et obstacles.
A la fin de l’année 2002, sur tout le territoire vietnamien, le nombre de drogués recensés et fichés par les services policiers avait dépassé les 141 000 personnes, ce qui représente une augmentation de 24,6 % par rapport à la même période de l’année précédente (2). Cependant, les autorités s’inquiètent moins de cette augmentation du nombre des drogués que des piètres résultats de la désintoxication entreprise dans les divers camps et établissements spécialisés. Selon le rapport, le taux de rechute dans la toxicomanie après la cure est excessivement élevé, de 80 à 90 % en moyenne, jusqu’à 100 % en certains endroits.
Par ailleurs, le rapport présenté au Comité permanent de l’Assemblée nationale s’est plus particulièrement préoccupé de la situation régnant à Hô Chi Minh-Ville en matière de toxicomanie. Les camps de désintoxication de la métropole du Sud-Vietnam accueillent environ 25 000 toxicomanes, à savoir près d’une moitié des pensionnaires des 62 établissements de ce genre existant dans tout le pays. Comme dans tous les camps du pays, la durée de désintoxication est de deux ans (3). Il a été proposé de faire suivre la désintoxication d’une période de deux ou trois années de formation professionnelle à l’intérieur de camps de concentration par le travail (tâp trung lao dông). Cette mesure est qualifiée de hautement humanitaire par le vice-président du Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville (4). Cela n’a pas été l’avis du président du Comité permanent de l’Assemblée nationale, Nguyên Van An, qui, considérant que cette nouvelle mesure comportait une restriction de la liberté des intéressés, a demandé qu’elle ne soit adoptée qu’après un vote de l’Assemblée nationale.
Il est en effet à craindre que l’allongement de la détention des toxicomanes ne suscite de violentes réactions. Déjà la nouvelle politique de répression de la toxicomanie, mise en ouvre au cours l’année dernière, avait suscité de violentes réactions à l’intérieur des camps et établissements de désintoxication eux-mêmes. A la suite d’une directive gouvernementale ayant prolongé à vingt-quatre mois la durée du séjour dans le camp pour les drogués, qui auparavant n’était que de six ou douze mois, des troubles sérieux ont eu lieu dans divers camps. Les 6 et 7 juin 2002, dans un centre situé, semble-t-il, à Can Tho, 369 des 637 internés avaient pris la fuite après avoir détruit une partie de l’équipement du centre, causant des pertes matérielles estimées à 1 500 dollars. 287 d’entre eux avaient été arrêtés et remis au centre par la police (5). Une tentative du même ordre avait eu lieu quelques jours plus tôt, le 4 juin, dans un autre centre de désintoxication nommé An Binh, situé près de Hô Chi Minh-Ville. Vingt-six pensionnaires avaient pris la fuite. Seize d’entre eux avaient été repris par la police.
Selon l’arrêté 34 du Premier ministre, daté du 28 mars 2002 (6), pour amener un toxicomane en centre de désintoxication forcée, il suffit d’une décision du président du Comité populaire de la commune où vit l’intéressé, approuvée par les autorités du district ou de l’arrondissement. La désintoxication devra durer deux ans. Si l’intéressé s’est présenté volontairement à la cure, celle-ci ne durera que six mois.