Eglises d'Asie

Bihar : à l’initiative de l’évêque catholique du lieu, la population de la ville de Betthiah collabore avec les forces de l’ordre pour mettre un terme aux vols et au brigandage

Publié le 18/03/2010




De l’avis de la population de Betthiah dans l’Etat du Bihar, c’est la passivité de la police locale qui a conduit à un accroissement anormal des vols et des cambriolages dans la ville. Aussi, les membres du Forum des citoyens de Betthiah, le 27 mars dernier, sont-ils venus trouver leur président, qui n’est autre que l’évêque catholique du lieu, Mgr Victor Henry Thakur, pour se plaindre de cet état de choses et lui demander de prendre la tête d’une marche de protestation destinée à dénoncer l’inaction des forces de l’ordre.

L’évêque a soigneusement écouté leurs plaintes et leur projet de manifestation pour le 29 mars suivant. Il est même tombé d’accord avec les membres du forum sur le fait que la protection de la population est une charge qui incombe à la police. Cependant, selon un témoin, au cours de la rencontre, il fit soudain une remarque qui a pris a rebrousse-poil ses interlocuteurs : “Mais pourquoi donc faudrait-il que nous protestions contre les policiers ? Seraient-ils nos ennemis ?” Profitant du silence soulevé par cette dernière question, l’évêque expliqua ensuite que des crises comme celle dont se plaignaient les habitants de Betthiah étaient rarement réglées par une “condamnation” des policiers, mais bien plutôt par une offre de collaboration avec eux. Il proposa alors au forum d’effectuer ensemble une visite de bonne volonté et de paix à la police, au cours de laquelle ils offriraient leur entière coopération aux agents de la sûreté. Et il insista sur les avantages du dialogue par rapport aux protestations publiques et aux condamnations stériles.

Shashikant Shukla, professeur d’une école hindoue, membre du forum, a reconnu plus tard que lui et quelques-unes des personnes venues rencontrer l’évêque commencèrent par considérer cette idée comme utopique. Cependant, très vite, ils constatèrent que la proposition de l’évêque était susceptible de conduire à davantage de résultats que l’expression stérile de leur désapprobation à l’égard de la police. Ainsi, la démarche proposée par l’évêque eut-elle lieu et Shukla était un des six membres de la délégation qui alla rencontrer le chef de la police, Paras Nath.

Le chef de la police, lors de la visite de la délégation, s’est dit heureusement surpris par cette initiative et a avoué que c’était la première fois, durant sa carrière, que l’insatisfaction de la population à l’égard de la police s’était exprimée sous une telle forme. Il s’est dit heureux d’entendre l’évêque faire l’éloge du travail ordinaire de son service et affirmer que son manque de performance actuel était dû à la non-coopération de la population. Il a ajouté que ce “geste de bonne volonté” était d’autant mieux accueilli par lui que, généralement, les Indiens font peu de cas de leur police. Beaucoup la considèrent comme un vestige du colonialisme anglais, utilisée autrefois pour opprimer la population locale.

L’initiative du Forum des citoyens ne tarda pas à porter des fruits. Dès le lendemain, une unité spéciale de police anti-vol était formée. Celle-ci mit aussitôt en place à travers toute la ville des comités de vigilance chargés de surveiller les éventuels voleurs. Ces dispositions ont commencé par calmer les peurs de la population qui s’est sentie rassurée. Mais les effets de ces mesures n’ont pas été seulement d’ordre psychologique. Aucun vol ou acte de brigandage n’a été rapporté au cours des jours qui ont suivi, alors que, pour le seul mois de mars précédent, plus de 89 familles avaient été victimes d’agressions visant à les dépouiller de leurs biens.