Eglises d'Asie

Dans de nombreux pays, les cérémonies pascales ont été marquées par les conséquences de l’épidémie de pneumopathie atypique

Publié le 18/03/2010




A l’image des populations locales, les catholiques en Asie ont vu leur vie plus ou moins perturbée du fait de l’importance prise par l’épidémie de pneumopathie atypique. Les situations varient grandement en fonction du degré de gravité de l’épidémie mais les zones où la maladie est la plus présente ne sont pas nécessairement celles où les cérémonies pascales ont été les plus bouleversées.

Dans des zones comme Hongkong et Singapour, les évêques locaux avaient pris leurs dispositions avant le début de la Semaine Sainte et décrété un grand nombre de mesures afin de limiter au maximum les risques de contagion. Les confessions individuelles par exemple avaient été suspendues au profit de cérémonies d’absolution générale (1). Selon différents témoignages de prêtres à Hongkong et à Singapour, la Semaine Sainte et les fêtes de Pâques ont été empreintes d’une certaine gravité, la liturgie étant plus dépouillée du fait des précautions sanitaires édictées, mais le sentiment d’appartenance communautaire s’est trouvé renforcé.

A Hongkong, la fréquentation des offices a été quasi insensible, certains prêtres notant même une assistance plus importante qu’à l’accoutumée et expliquant cela par le fait que les Hongkongais, à cause de l’épidémie, n’ont pu profiter des quatre jours fériés de Pâques, legs de la colonisation britannique, pour quitter le territoire comme ils ont coutume de le faire et, restés sur place, sont allés à la messe, pour les catholiques au moins. Au nombre de 1 900, les baptêmes d’adultes et d’enfants âgés de plus de sept ans ont été presque aussi importants que les années précédentes. Enfin, le diocèse a lancé un appel à ses prêtres pour savoir qui était volontaire pour porter la communion et le sacrement des malades dans les hôpitaux, que ce soit auprès des malades “normaux” ou auprès des victimes du virus provoquant la pneumopathie atypique. A la grande satisfaction de l’évêque, presque tous se sont portés volontaires.

A Singapour, les églises et les chapelles également ont été pleines pour les cérémonies pascales. Même la tradition locale qui veut que les catholiques aillent prier d’église en église le Jeudi Saint a été respectée. Le dimanche de Pâques, l’activité des églises chrétiennes était audible, les cérémonies se déroulant fenêtres ouvertes. Selon le témoignage d’un catholique, les uns et les autres se gardaient bien d’éternuer ou même de tousser, de peur de paraître suspects à leurs voisins. Cependant, une fois les offices terminés, les chrétiens sont retournés chez eux et ne se sont pas retrouvés dans les nombreux restaurants qui, depuis plusieurs années déjà, ont coutume de proposer des “buffets pascals”. Chrétiens ou non, les Singapouriens ont délaissé en grand nombre les restaurants et autres lieux publics de divertissement.

En Chine continentale, l’impact de l’épidémie sur la vie de l’Eglise est plus difficile à estimer. Interrogés au téléphone par le Sunday Examiner, le journal en langue anglaise du diocèse de Hongkong, un prêtre de Canton et un autre de Foshan, un des lieux supposés de l’origine de l’épidémie, ont déclaré : “Non, rien de spécial, il n’y a pas eu de directives de la part des autorités.” Selon un missionnaire de Hongkong, une telle réaction est symptomatique de personnes qui vivent avec le communisme depuis cinquante ans. Les organisations chrétiennes, catholiques et protestantes, qui envoient des professeurs de langue en Chine font part de l’inquiétude qui est celle de leurs professeurs présents aux quatre coins du pays. Au total, rares sont ceux qui ont choisi de quitter la Chine, préférant s’en tenir aux précautions de rigueur et limiter leurs déplacements. A Pékin, toutefois, la vie des communautés catholiques, si elle n’a pas été trop affectée lors de la Semaine Sainte, va désormais l’être du fait de la fermeture des lieux de rassemblement publics par les autorités, très nerveuses depuis qu’elles ont décidé de reconnaître la gravité de l’étendue de l’épidémie.

Ailleurs en Asie, des mesures ont été prises ponctuellement. Au Vietnam, à Ho Chi Minh-Ville, la grande métropole du sud du pays, certains prêtres ont pris l’initiative de ne distribuer la communion que dans la main et non plus dans la bouche, après que deux cas de pneumopathie atypique eurent été rapportés dans la ville. Le diocèse de Ho Chin Minh-Ville n’autorise la communion dans la main que depuis 1990. En Indonésie, avant le début de la Semaine Sainte, le cardinal Julius Darmaatmadja, archevêque de Djakarta, a demandé que les cérémonies pascales soient adaptées. Le baiser de la croix le Vendredi Saint a ainsi été supprimé, en particulier dans les paroisses où les fidèles sont d’origine chinoise et en lien avec des parents vivant dans le sud de la Chine, à Hongkong ou à Singapour. Enfin, en Mongolie, où sept cas suspects ont été détectés à la date du 28 avril, le gouvernement a décrété que le port du masque était obligatoire dans les lieux publics. Dès l’annonce connue, les trois paroisses catholiques d’Oulan-Bator ont placardé des affichettes à leurs portes pour demander le respect de la consigne.