Eglises d'Asie

Les milieux religieux et caritatifs se mobilisent pour empêcher que le gouvernement propose l’avortement aux immigrées illégales enceintes et détenues en attente de leur expulsion

Publié le 18/03/2010




Différents milieux religieux et caritatifs ont vivement réagi à une récente proposition du ministre de l’Intérieur concernant les immigrées illégales chinoises qui sont à la fois enceintes et détenues par les autorités dans l’attente de leur expulsion vers leur pays d’origine, la Chine populaire. Le 16 avril dernier, Mgr Joseph Ti-Kang, archevêque de Taipei, a qualifié la proposition gouvernementale de “barbare” et déclaré que l’Eglise catholique était prête à prendre en charge ces femmes jusqu’à la date de leur expulsion et à s’occuper des enfants éventuellement abandonnés par elles, “sans que les finances du gouvernement soient mises à contribution”.

La polémique a débuté le 10 avril lorsque Yu Cheng-hsien, ministre de l’Intérieur, a annoncé lors d’une conférence de presse que, “se fondant sur des considérations humanitaires les autorités allaient proposer l’avortement aux immigrées enceintes détenues dans le centre de rétention pour immigrés illégaux de Hsinchu. Situé à une soixantaine de kilomètres sur la côte, au sud-ouest de Taipei, ce centre héberge une bonne partie des 1 700 immigrés illégaux (1 200 femmes et 500 hommes) venus de Chine qui attendent leur expulsion de Taiwan vers le continent. A Hsinchu se trouvent actuellement 843 détenues ; parmi elles, 36 sont enceintes, 19 ont récemment donné naissance à un enfant et environ 90 sont atteintes de maladies vénériennes. Selon le ministre de l’Intérieur, à Hsinchu, la plupart du temps, les grossesses ne résultent pas d’un choix personnel mais sont la conséquence des violences subies par ces Chinoises tombées entre les mains de proxénètes ou victimes de gangs spécialisés dans le trafic d’êtres humains. Toujours selon le ministre, le nombre des grossesses et naissances crée de graves problèmes de gestion à Hsinchu.

Dès le lendemain de la conférence de presse du ministre de l’Intérieur, Mgr Ti-Kang a réagi, organisant une rencontre avec des journalistes dans les bureaux de la députée catholique Chiang Chi-wen. A ses côtés se trouvaient des responsables de services caritatifs et sociaux du diocèse de Taipei ainsi que des responsables bouddhistes, protestants et de religions locales comme Tien Dih Chiao et I-Kuan Tao. Selon la députée Chiang, une entrevue avec le ministre Yu avait déjà pu avoir lieu et il y avait été décidé que “l’avortement ne devait pas être la seule manière de régler le problème”.

Selon la députée, par ailleurs vice-présidente des Chevaliers du Saint-Sépulcre à Taiwan, les détenues de Hsinchu ont besoin de soins médicaux et d’être conseillées par des travailleurs sociaux. Celles qui sont enceintes “ont des perspectives d’avenir très incertaines et, bien entendu, sont enclines à tout voir en noir et veulent avorter a dit Chiang Chi-wen ; cependant, a-t-elle ajouté, toutes les organisations religieuses qui se sont mobilisées après la conférence de presse du 10 avril sont prêtes à aider ces femmes et estiment que la plupart d’entre elles renonceraient à avorter si des alternatives leur étaient proposées. Des familles à Taiwan sont prêtes à adopter ces enfants, si besoin est, a-t-elle conclu, tout en reconnaissant que le statut légal de ces enfants nés d’immigrés illégaux était compliqué. Pour Mgr Ti-Kang, l’enjeu essentiel dans ce problème est la sauvegarde de vies humaines (1) ; des “difficultés techniques” ne doivent pas le faire perdre de vue.