Eglises d'Asie

Moluques : malgré les mises en garde des autorités, les partisans de l’indépendance ont hissé les couleurs de leur mouvement, sans toutefois provoquer ni heurt ni violence

Publié le 18/03/2010




Dans la nuit du 25 au 26 avril dernier, près de deux cents drapeaux aux couleurs de la RMS (République des Moluques du Sud), mouvement qui réclame l’indépendance des Moluques de la République indonésienne et qui a été interdit par Djakarta en 1950 (1), ont été hissés en divers lieux d’Amboine, chef-lieu de la province des Moluques, ainsi que dans différents villages de la province, notamment à Aboru, sur l’île de Haruku, dans le village de Passo et à Kudamati, faubourg d’Amboine. Mais, au-delà de cette manifestation pacifique, la situation dans la province a été calme et, dans la journée du samedi 26 avril, les rues d’Amboine connaissaient leur animation habituelle. Pour les observateurs, le nombre des drapeaux hissés, pour exceptionnellement élevé qu’il soit, traduit moins une manifestation de défiance à l’égard des autorités indonésiennes et une revendication indépendantiste que l’expression d’une certaine lassitude vis-à-vis des autorités qui se montrent incapables d’assurer le développement économique de la province et d’y apporter les aides promises lors de la signature des accords de Malino II, accords qui ont ramené la paix civile aux Moluques (2).

Avant le 25 avril, date anniversaire de la fondation de la RMS, les autorités avaient mis en garde les partisans de ce mouvement contre toute manifestation excessive. Mais, constatant qu’elles n’avaient pas été écoutées, elles ont pourtant choisi de ne pas recourir à la force brutale. Selon les forces de sécurité, près de trois cents personnes ont été interpellées et elles ont eu à choisir entre renoncer à se déclarer partisan de la RMS ou être poursuivies pour subversion et participation à des rassemblements interdits. A la date du 28 avril, aucune indication n’était disponible quant à la réponse des personnes interpellées, la police d’Amboine se bornant à dire qu’elle avait les plus grandes difficultés à trouver des lieux de détention pour tous ces individus.

Après avoir survolé en hélicoptère la ville d’Amboine, le gouverneur de la province, Harry Sinyo Sarundayang, a été interviewé par la télévision indonésienne. Se montrant très calme, il s’est refusé à analyser la levée des couleurs de la RMS comme une démonstration de force des indépendantistes, en particulier du Front Kedaulatan Maluku (FKM, Front de souveraineté des Moluques) dont les deux principaux dirigeants ont été condamnés à une peine de prison ferme de trois ans en janvier dernier (3). Il a déclaré qu’il était “possible qu’une partie des personnes détenues ne soient pas réellement des partisans de la RMS mais seulement des déçus de l’action gouvernementale ajoutant que ces personnes, ne s’estimant pas écoutées par les autorités, avaient tenu ainsi à attirer l’attention des autorités sur leur sort.

Selon le P. Böhm, du Centre de crise du diocèse catholique d’Amboine, un des problèmes actuels des Moluques est effectivement la mise en place des dispositions prévues par les accords de Malino II. D’un point de vue financier, les subsides du gouvernement central, lorsqu’ils sont décidés, s’évaporent le plus souvent dans les méandres de l’administration avant d’arriver à leurs destinataires ultimes. Sur le plan de la justice, le travail de l’équipe d’enquêteurs indépendants, dont la mise en place était prévue par les accords, ne semble pas avancer. Le 24 avril, une réunion informelle a rassemblé une partie des 35 délégués chrétiens et des 35 délégués musulmans qui avaient négocié les accords de Malino II ainsi que le gouverneur, le chef de la police, celui de la justice et un responsable militaire, sans qu’aucun résultat concret n’en sorte.