Eglises d'Asie

A Aceh, où les affrontements armés entre séparatistes et forces gouvernementales menacent de reprendre, l’unique curé catholique de la province voit ses paroissiens fuir la région

Publié le 18/03/2010




A Aceh, où la tension est à nouveau montée entre séparatistes et forces gouvernementales, les deux parties en présence étant à deux doigts de reprendre les affrontements armés (1), le P. Ferdinando Severi, OFM, voit le nombre de ses paroissiens diminuer à mesure qu’une partie d’entre eux opte pour le départ et va trouver refuge plus au sud, à Sumatra ou à Djakarta. Selon lui, sa paroisse de Banda Aceh, qui est l’unique paroisse catholique de cette province musulmane à 98 % et peuplée de quatre millions d’habitants, comptait 600 fidèles en 2002 et 500 aujourd’hui. “Je crains que d’autres se décident à partir a-t-il dit lors d’une interview par téléphone le 26 avril dernier avec l’agence Ucanews, précisant que ceux qui restaient étaient à 80 % d’origine chinoise et étaient en majorité des commerçants.

Présent à Banda Aceh depuis onze ans, le P. Severi regrette la montée de la tension qui risque de déboucher sur une guerre meurtrière. Depuis l’accord de cessation des hostilités signé en décembre 2002 entre le GAM (2), le mouvement séparatiste local, et Djakarta, la situation s’était grandement améliorée et la violence avait diminué. Mais, a poursuivi le franciscain italien, depuis le regain de tension, il y a quelques semaines, chaque jour apporte son lot de morts. “La majorité de la population d’Aceh ne demande pas la liberté mais la justice et la sécurité a-t-il ajouté, espérant que le gouvernement allait se montrer patient, s’en tenir à l’accord de décembre dernier et éviter une reprise des opérations militaires.

Selon le P. Severi, le départ d’une partie des catholiques de la province s’est accompagné d’une baisse du nombre des élèves scolarisés dans les écoles catholiques d’Aceh. De 400, ils ne sont plus que 300. “Seulement 20 % des élèves sont catholiques, les autres étant quasiment tous musulmans. De nombreux parents catholiques ont envoyé leurs enfants dans des écoles situées en-dehors de la province a expliqué le prêtre, qui précise qu’il encourage sans cesse les catholiques “à ne pas faire preuve de pessimisme”. En tant que minorité, les catholiques peuvent peu de chose pour sauver la paix mais, en tant qu’individus, ils peuvent être facteurs de paix. Tel est le message que le P. Severi s’est efforcé de transmettre à ses paroissiens ses dernières semaines. Dans cette province musulmane où l’islam est pratiqué sous une forme rigoriste et où la charia est officiellement en vigueur pour les musulmans depuis le 15 mars 2002, le prêtre italien tient à souligner que les relations entre musulmans et chrétiens sont bonnes (3). L’Eglise catholique n’a pas été gênée dans son travail pastoral et les cérémonies pascales se sont bien déroulées, a encore précisé le P. Severi qui ajoute : “Nous entretenons de très bonnes relations avec les responsables musulmans locaux. Nous nous rencontrons pour parler lorsque nous avons un problème.”