Eglises d'Asie

L’Eglise catholique en Inde se réjouit de la détente actuelle entre son pays et le Pakistan et souhaite une rapide normalisation des relations entre les deux nationsPRIVATE

Publié le 18/03/2010




L’ensemble des évêques catholiques de l’Inde s’est réjoui des dernières initiatives de l’Inde et du Pakistan pour faire diminuer la tension existant entre les deux puissances nucléaires de l’Asie du Sud. C’est à la fin du mois d’avril que les responsables de l’Eglise catholique ont appris par la presse l’existence d’une volonté commune aux deux pays de renouer des contacts entre eux. Le 28 avril, était rendu public le contact téléphonique entre le Premier ministre du Pakistan, Mir Zafarullah Khan Jamali, et son homologue indien, Atal Behari Vajpayee. Le chef du gouvernement pakistanais remerciait M. Vajpayee de son offre de paix et l’invitait au Pakistan pour y tenir des entretiens de paix. Cette conversation téléphonique faisait suite à un discours prononcé, le 18 avril, par le Premier ministre indien à Srinagar, la capitale d’été de l’Etat du Cachemire, pomme de discorde entre les deux pays. Le chef du gouvernement indien y avait parlé de la nécessité pour les deux pays de renforcer les liens économiques, les échanges culturels. Le 30 avril suivant, un porte-parole du ministère fédéral des Affaires étrangères de l’Inde faisait savoir à la presse que le gouvernement indien n’avait pas encore pris de décision sur la réponse à donner à l’invitation au dialogue du Pakistan.

La Conférence épiscopale de l’Inde, elle, n’a guère attendu avant de faire connaître sa satisfaction devant cette initiative. Dès le 30 avril, un communiqué de presse publié par elle, se félicitait de la nouvelle évolution des relations entre les deux pays, qui ouvrait les portes du dialogue en vue du règlement du conflit les opposant. Selon les évêques indiens, le Premier ministre du Pakistan avait fait connaître sa volonté d’aller de l’avant sur le chemin de la réconciliation, un chemin encore long avant de parvenir à une situation normale entre les deux pays. Le communiqué des évêques indiens faisait aussi remarquer que l’initiative des dirigeants de l’Inde et du Pakistan montrait qu’il était possible de régler les problèmes d’une façon amicale. C’est pourquoi, les évêques encouragent les responsables des deux pays à profiter de toutes les occasions pour améliorer leurs relations et ainsi au lieu de dépenser les ressources du pays dans le renforcement de leur équipement militaire, ils pourront les consacrer à l’amélioration du sort de leurs peuples.

Depuis la déclaration des évêques, des événements spectaculaires se sont succédé qui ont tous contribué à faire baisser la tension entre les deux pays. Le 2 mai, le Premier ministre indien annonçait le rétablissement des relations diplomatiques complètes avec le Pakistan ainsi que la reprise des liaisons aériennes entre les deux pays. Un peu plus tard, le ministre des Affaires étrangères du Pakistan annonçait que des mesures équivalentes étaient prises par son pays et qu’un ambassadeur serait prochainement désigné à New Delhi. Même les dirigeants de groupes de la guérilla musulmane au Cachemire ont publiquement exprimé leur satisfaction devant cette évolution positive. Le 3 mai, le responsable du Hizbul Mudjahidine, qui est le principal des groupes en rébellion contre le pouvoir indien a déclaré : “Nous pouvons apercevoir une lueur d’espoir.” Il a ajouté cependant que nul résultat ne serait acquis sans satisfaire les aspirations des Cachemiris. Il a souligné que “seul le problème non résolu du Cachemire a maintenu les deux voisins (Inde et Pakistan) sur le chemin de la guerre depuis leur indépendance” en 1947. Quelques jours plus tard, le 9 mai, le chef du gouvernement régional du Cachemire saluant cette attitude de bonne volonté des groupes combattants les appelait à “faire taire les armes” pour donner “une chance” au fragile processus de détente.

Cependant, l’optimisme (1) qui a suivi cette succession de gestes de bonne volonté doit être largement tempéré, l’amélioration actuelle étant loin de concerner tous les éléments de la situation. L’appel au cessez-le-feu du gouvernement du Cachemire a immédiatement essuyé un refus de la part d’une coalition de groupes rebelles qui l’ont qualifié de prématuré. Les hostilités au Cachemire sont loin d’avoir cessé. Le 10 mai, la police indienne de Srinagar signalait qu’au cours des dernières 24 heures, onze personnes avaient péri, dont huit tuées par des militants séparatistes et trois rebelles abattus par l’armée indienne. Par ailleurs, les positions des deux pays sont encore très éloignées sur de nombreux points, en particulier en matière de dénucléarisation. Le 8 mai dernier, le Premier ministre indien a rejeté une proposition pakistanaise de dénucléarisation de toute l’Asie du Sud.