Eglises d'Asie

Mindanao : en dépit des appels des évêques catholiques, la présidente Arroyo a choisi, face à la multiplication des attentats, de rompre les négociations avec le MILF

Publié le 18/03/2010




Le 5 mai dernier, le Conseil permanent de la Conférence des évêques catholiques des Philippines a publié une “Lettre ouverte” condamnant “dans les termes les plus fermes” les actions militaires menées aussi bien par le gouvernement que par le MILF, le Front moro de libération islamique. Les responsables catholiques ont demandé à la présidente Arroyo et à Salamat Hashim, président du MILF, de mettre un terme aux combats et de reprendre les négociations. Cependant, le lendemain 6 mai, la présidente, lors d’un point de presse organisé au palais présidentiel de Malacanang, à Manille, a déclaré que les négociations que son gouvernement menait avec le MILF en Malaisie étaient suspendues “jusqu’à ce que nous puissions jouir de circonstances plus favorables pour faire avancer le processus de paix”.

Le raidissement de la présidente des Philippines est intervenu au surlendemain de l’attaque par le MILF d’une localité de la province de Zamboanga del Norte, à Mindanao. Ce jour-là, le 4 mai, des hommes du MILF avaient pris d’assaut la ville de Siocon, faisant 29 morts dont neuf civils et emportant une centaine d’otages avec eux – avant de rapidement en relâcher les deux tiers. Six jours plus tard, le 10 mai, un nouvel attentat s’est produit, cette fois-ci dans la province de Cotabato Sud, une bombe faisant dix morts et 44 blessés graves sur un marché de Koronadal. Selon les militaires philippins, cet attentat est imputable au MILF, accusation démentie par Eid Kabalu, porte-parole du mouvement rebelle musulman.

Dans le contexte qui est celui de Mindanao depuis deux mois où les attentats se succèdent et paraissent répondre aux opérations militaires déclenchées par l’armée philippine, les évêques peinent à faire entendre leur voix (1). La présidente Arroyo ne ferme pas totalement la porte à une éventuelle reprise des négociations avec le MILF mais laisse entendre en même temps qu’elle cherche à obtenir l’inscription du MILF sur la liste des organisations terroristes afin de geler ses avoirs de par le monde. Les évêques eux maintiennent qu’“une paix juste et durable peut être conclue à la table des négociations”. Pour Mgr Orlando Quevedo, président de la Conférence épiscopale et archevêque de Cotabato, les conséquences de la guerre, “cet enfer sont terribles, en particulier pour les 100 000 réfugiés jetés sur les routes par l’offensive déclenchée en février dernier par l’armée sur le camp de Pikit, tenu par le MILF.

Une fois encore, cette fois-ci dans leur “Lettre ouverte les évêques ont affirmé que le conflit à Mindanao, enraciné dans une longue histoire culturelle, politique et économique, ne sera pas résolu par les armes. “Tant que les parties en conflit se tireront dessus, les négociations de paix ont peu de chances d’aboutir remarquent-ils, réclamant une nouvelle fois un cessez-le-feu général.