Eglises d'Asie – Indonésie
Aceh : en dépit de la guerre, les quelques écoles et églises catholiques de la province n’ont pas fermé leurs portes
Publié le 18/03/2010
A part cette précaution, les écoles catholiques, qui accueillent 680 élèves au total – dont une moitié sont de confession musulmane et l’autre de confession catholique -, fonctionnent “normalement a ajouté le prêtre, les écoles comme les églises catholiques étant toutefois protégées par les forces de sécurité gouvernementales. Les établissements scolaires et les lieux de culte de l’Eglise sont situés à Banda Aceh, le chef-lieu de la province, ainsi que dans le sud et l’est de la province, des zones qui, selon les médias indonésiens, ont été jusqu’ici épargnées par les combats. A la date du 26 mai, on dénombrait un peu plus de soixante-dix morts, tombés principalement dans le nord et l’ouest d’Aceh où étaient concentrées les opérations militaires. Les militaires affirmaient avoir abattu 66 “rebelles” du GAM et perdu seulement cinq hommes dans leurs rangs. Le GAM annonçait avoir tué des dizaines de soldats et accusait les militaires de viser des civils, suggérant que la plupart des personnes tuées par l’armée étaient de simples villageois.
A mesure que les jours passent, a déclaré le P. Severi, la situation se dégrade, les moyens de transport étant paralysés. Outre les écoles incendiées, les camions transportant de la nourriture sont brûlés. Le manque de ravitaillement est déjà sensible ici et là. Pour répondre à cette situation, le P. Severi a appelé les quelque 500 catholiques de sa paroisse, l’unique paroisse catholique de la province, à ne pas fuir mais au contraire à rester sur place pour porter secours aux réfugiés. Des milliers de personnes ont d’ores et déjà quitté leurs habitations, gagnant les zones épargnées par les combats. “Je me suis rendu dans un camp de réfugiés de Banda Aceh. J’y ai apporté deux cent boîtes de lait en poudre pour nourrissons témoigne le missionnaire.
Sur l’issue des combats, le P. Severi ne se prononce pas mais il estime que l’écrasement en six mois de la rébellion, tel que cela a été annoncé par la présidente Megawati, paraît impossible, les hommes du GAM ayant pour eux de se déplacer chez eux, en terrain familier. Tout en espérant que les troupes du GAM se rendront aux militaires pour éviter que le sang soit versé, le P. Severi remarque que la rébellion continue de collecter les cartes d’identité des civils afin de rendre plus difficile l’identification de ses hommes par l’armée indonésienne. Dans un entretien publié par l’agence Fides, le P. Severi s’est dit très inquiet sur la suite des événements : “La rumeur circule que des secteurs corrompus de l’armée indonésienne apportent leur appui aux groupes rebelles pour boycotter les négociations et continuer la guerre, pour laquelle ils reçoivent de l’argent. En outre, la férocité avec laquelle les troupes indonésiennes ont agi dans le passé (en dévastant et en rasant des villages) est encore présente dans la mémoire des civils. Le commandement militaire a annoncé que, pour combattre les rebelles, il contraindra les villageois à se regrouper. On prévoit que plus de 100 000 personnes vont être déplacées à l’intérieur de la province.”