Eglises d'Asie

Certains reproches d’autoritarisme formulés à l’encontre de l’ensemble du clergé catholique sont loin de faire l’unanimité au sein du laïcat

Publié le 18/03/2010




Le Woori Theology Institut (1un institut catholique de recherche en théologie, bien connu et géré par des laïcs, organise une série de colloques à l’occasion du dixième anniversaire de sa fondation, sur le thème : « Le renouveau dans l’Eglise Lors du premier de ces colloques, le 10 mai dernier, une cinquantaine de laïcs, de religieuses et un prêtre ont écouté le directeur de l’Institut, Augustin Park Hyun-jun, et un conférencier, John Baptist Kang In-chul, professeur de Sciences religieuses à l’université Hanshin. L’un et l’autre ont évoqué un conflit social qui dure depuis plusieurs mois dans deux hôpitaux dirigés par l’Eglise (2) et les soupçons de fraudes à l’encontre d’un des plus importants services privés d’aide sociale du pays, fondé et dirigé par un prêtre (3). Selon les deux conférenciers, ces deux affaires ont gravement nui à l’image de l’Eglise catholique auprès de la population coréenne en laissant penser que le clergé pouvait se montrer excessivement autoritaire ou corrompu.

Dans sa conférence sur « L’autorité religieuse et l’Eglise catholique coréenne », Kang In-chul est revenu sur les longs mois de lutte de 500 agents hospitaliers employés par deux hôpitaux appartenant à l’Eglise catholique. Il a estimé que la direction de ces deux hôpitaux, en faisant appel à la police pour faire arrêter les grévistes, avait terni l’image de l’Eglise qui, jusqu’alors, passait pour « une communauté juste et morale ». Bien que l’Eglise coréenne, s’inspirant de l’esprit du concile Vatican II, ait connu d’importants changements, en particulier sur le plan institutionnel, Kang In-chul a expliqué que, selon lui, ces changements ne sont pas venus de l’intérieur mais ont été imposés par le Vatican. Il a fait observer que les évêques et les prêtres contrôlent toujours l’essentiel des pouvoirs dans l’Eglise, comme le droit de décision et d’administration du personnel. Un peu plus tard, devant les journalistes, Kang a déclaré que, comme dans toute révolution, l’autoritarisme, en l’occurrence celui du clergé, ne pouvait être surmonté que par une pression extérieure collective et une résistance des laïcs. Il a également fait mention de l’importante force critique que représentent les religieuses de par leur nombre et leurs responsabilités dans les paroisses.

Selon Park Hyun-jun, ces différents incidents indiquent que le besoin de renouveau de l’Eglise est plus grand que jamais. Si rien n’est entrepris, les laïcs, a-t-il indiqué, peuvent perdre la confiance qu’ils placent dans l’Eglise, sa hiérarchie et son clergé.

Ces points de vue très critiques ne sont cependant pas partagés par tous. Interrogé par l’agence Ucanews, Thomas Han Hong-soon, professeur à l’université Hankuk de Séoul et membre du Conseil pontifical pour les laïcs, a souligné que le plus important apport de Vatican II avait été de définir l’Eglise comme « communion » au sein de laquelle chacun de ses membres est responsable. Si le droit canon précise clairement les droits qui sont ceux du clergé, la plupart des pasteurs n’ignorent pas les laïcs, si bien que, pour eux, se focaliser sur le seul problème de l’affirmation de droits ne semble pas très avisé. Quant aux accusations portées contre le fondateur de Kkottongne, Han Hong-soon a rappelé qu’il ne s’agissait pour l’instant que de soupçons et qu’il ne fallait pas pour autant oublier l’immense travail accompli par ce service auprès des démunis, des personnes âgées et des handicapés. Pour ce qui est du personnel hospitalier, Han Hong-soon a estimé que les employés des deux établissements en cause ne devaient pas perdre de vue qu’ils jouissaient de conditions de travail favorables et de salaires relativement élevés.