Eglises d'Asie

En Chine, des Sud-Coréens passent en jugement pour avoir aidé des Nord-Coréens à fuir leur pays

Publié le 18/03/2010




Au cours du mois de mai, en au moins deux villes de Chine populaire, des tribunaux ont jugé des Sud-Coréens pour l’aide que ceux-ci ont apportée à des Nord-Coréens tentant de fuir leur pays en trouvant refuge en Chine avant de gagner un pays tiers ou directement la Corée du Sud.

Le 15 mai, un tribunal de Yanji, ville située à proximité de la frontière entre la Corée du Nord et la Chine populaire, a commencé le procès de Kim Hee-tae et de plusieurs autres ressortissants sud-coréens. Kim, engagé de longue date dans l’aide aux réfugiés nord-coréens qui fuient la répression et la famine sévissant dans leur pays, a été arrête en 2002 dans la gare de Changchun. Selon des sources sud-coréennes, Kim a été appréhendé au moment où il s’apprêtait à monter dans un train à destination de Pékin en compagnie de onze Nord-Coréens, cinq hommes, cinq femmes et un garçon âgé de 15 ans. Le groupe projetait de déposer publiquement une requête auprès du gouvernement chinois afin que celui-ci leur reconnaisse la qualité de réfugiés. Depuis des années, la Chine refuse aux Nord-Coréens qui ont fui leur pays la qualité de réfugiés et les considère comme des migrants économiques. Cela lui permet d’une part de ne pas froisser son voisin nord-coréen, d’autre part de ne pas faire intervenir le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU sur ce dossier et enfin de renvoyer, manu militari si besoin, ces hommes, ces femmes et ces enfants en Corée du Nord où, les témoignages existent, le sort qui leur est réservé n’est pas enviable.

Par ailleurs, dans la province du Shandong, le 22 mai dernier, un tribunal de Yantai a condamné le Sud-Coréen Seok Jae-hyun, photographe indépendant, à deux années de prison pour “trafic illégal d’êtres humains” et à une amende de 5 000 yuans (550 eurosSelon Reporters Sans Frontières, les autorités chinoises lui reprochent d’avoir couvert une opération d’exfiltration par bateau de réfugiés nord-coréens vers la Corée du Sud et le Japon. Collaborateur du New York Times et de l’édition sud-coréenne du magazine Géo, Seok a été arrêté le 18 janvier dernier. La police chinoise avait laissé entendre au groupe de Nord-Coréens accompagné de Seok qu’elle les laisserait quitter la Chine par mer. C’était en fait un piège et, au moment où ils s’apprêtaient à embarquer, les forces de sécurité les ont interceptés et conduits dans des centres de détention spéciaux avant de les refouler vers la Corée du Nord – à l’exception de Seok. Pendant deux mois, le photographe a été détenu sans inculpation à la maison d’arrêt de Yantai. Le 4 mars dernier, il a été finalement accusé d’avoir voulu profiter de l’immigration de ces Nord-Coréens et inculpé pour trafic d’êtres humains. Cette accusation a été contestée par le gouvernement sud-coréen qui a demandé la libération du photographe aux autorités chinoises, sans obtenir de réponse.

Selon les observateurs, les autorités chinoises, par ces condamnations et jugements, entend intimider les milieux sud-coréens et les journalistes qui s’intéressent au sort des Nord-Coréens ayant fui leur pays pour se réfugier dans les provinces chinoises frontalières avec la Corée du Nord et où la population appartient en partie à la minorité coréenne de Chine populaire. Le gouvernement chinois entend empêcher que ne se reproduisent des mouvements tels que celui de l’an dernier qui avait vu plusieurs dizaines de Nord-Coréens, parfois aidés par des étrangers, des journalistes ou des Sud-Coréens, demander asile dans des représentations diplomatiques à Pékin et dans certaines grandes villes chinoises (1).