Eglises d'Asie

Recevant des évêques indiens, le pape Jean-Paul II a déploré les obstacles, extérieurs et intérieurs à l’Eglise, à l’évangélisation

Publié le 18/03/2010




Au cours d’une audience accordée, le 23 mai dernier, aux évêques de rite romain des quatre provinces ecclésiastiques indiennes de Calcutta, Guwahati, Imphal et Shillong, venus à Rome en visite “ad limina” (1), le pape Jean-Paul II a très clairement fait allusion au manque de liberté religieuse, à la discrimination dont souffrent les chrétiens dans certains Etats de l’Inde. Il a même évoqué, sans les nommer, certaines dispositions législatives récemment adoptées pour empêcher la diffusion du christianisme.

S’appuyant d’abord sur une citation de Ecclesia de Eucharistia : “L’Eglise évangélise en obéissance à un commandement du Christ, consciente que chaque personne a le droit d’écouter la bonne nouvelle que Dieu révèle et donne lui-même dans le Christ le pape a ensuite brièvement évoqué l’histoire de l’évangélisation en Inde. Il est ensuite très rapidement entré dans le vif du sujet. Il a qualifié de “très déconcertant” le fait que ceux qui veulent devenir chrétiens soient obligés d’obtenir auparavant la permission des autorités locales. Sans les nommer, le Souverain Pontife faisait sans doute allusion à certaines dispositions contenues dans les deux nouvelles lois récemment adoptées dans le Tamil Nadu et dans le Gujarat.

La loi sur les conversions adoptée par le parlement du Tamil Nadu, le 30 octobre 2002 (2) et promulguée le 3 décembre 2002 par le gouvernement (3), entre autres dispositions, stipule que “quiconque se convertit volontairement d’une religion à une autre ou participe à cette conversion en tant que prêtre, devra dans un délai déterminé en avertir les magistrats locaux” (4). La disposition correspondante dans la loi analogue votée le 22 mars 2003 par le parlement du Gujarat (5) est encore plus sévère puisqu’elle exige qu’une autorisation soit demandée au magistrat du district préalablement à toute conversion. D’autres dispositions de ces lois concernent les “initiateurs” de ces changements de religion qui peuvent être punis de peine de prison ou d’amende s’il apparaît au magistrat que les conversions ont été obtenues par fraude ou séduction. Des lois du même type avaient été adoptées auparavant par un certain nombre d’autres Etats, dans le Madhya Pradesh au centre du pays, dans l’Orissa à l’est et dans l’Arunachal Pradesh au nord-est.

Jean-Paul II a ensuite parlé des chrétiens indiens qui perdent, à cause de leur foi chrétienne, tout droit à l’assistance sociale ou familiale, ou encore sont marginalisés et même mis à la porte de leur propre village. Les mouvements fondamentalistes à l’origine de ces restrictions de la liberté religieuse des chrétiens ont été mentionnés par le pape. Ils créent, a-t-il dit, la confusion chez certains catholiques et mettent directement en question toute tentative de conversion. Les évêques ont été exhortés à ne point se décourager mais à engager la société indienne à inverser ces dangereuses tendances. Le pape a aussi fait remarquer que les obstacles à l’évangélisation n’étaient pas seulement extérieurs mais venaient quelquefois de l’intérieur même des communautés chrétiennes. Il a exhorté les prêtres, les religieux et les laïcs à travailler ensemble et en coopération avec leurs évêques.

Pour conclure, le Souverain Pontife a appelé les évêques indiens à puiser leur inspiration dans la vie de Mère Teresa dont la béatification est prévue pour la 19 octobre 2003. Comme elle, les évêques indiens ont été invités à devenir des exemples de simplicité, d’humilité et de charité pour tous ceux qui étaient confiés à leur charge pastorale.