Eglises d'Asie

Thai Binh : les jeunes étudiants catholiques se plaignent de la discrimination qu’ils subissent

Publié le 18/03/2010




Une récente enquête conduite par l’agence Ucanews (1) auprès des membres de l’Association des étudiants du diocèse de Thai Binh, situé au Nord-Vietnam, a souligné la suspicion et la discrimination qui s’exercent sur les catholiques aussi bien de la part des autorités locales que des enseignants. Un des responsables de l’Association a même déclaré que les noms des étudiants catholiques étaient consignés dans une liste spéciale de la police et que leurs activités religieuses étaient spécialement surveillées. Il leur est, en particulier, impossible de fréquenter des sites religieux ou de participer à des activités religieuses en dehors du diocèse.

En matière religieuse, c’est encore un climat rétrograde qui règne dans les universités où les étudiants catholiques sont fréquemment apostrophés par des remarques d’enseignants dont l’esprit date du scientisme du XIXe siècle. Tel professeur cite le passage d’Evangile disant qu’il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des cieux pour en conclure que, alors que tous s’efforcent d’éradiquer la pauvreté, Dieu veut que ses disciples vivent dans la pauvreté. D’autres étudiants ont cité des marques concrètes de la discrimination dans laquelle ils ont été tenus. L’un d’entre eux a affirmé que ses notes de conduite et d’évaluation ont été systématiquement abaissées. Il a été menacé de ne pas être admis au concours de sortie, uniquement à cause des activités religieuses menées par lui. Ces menaces qui pèsent sur les catholiques constituent une véritable pression quotidienne qui a amené certains étudiants à abandonner toute pratique religieuse et à éviter de donner des signes de leur appartenance religieuse. Alerté par l’ambiance qui règne dans les universités, l’évêque du diocèse de Thai Binh, Mgr F.-X. Nguyên Van Sang, y a fait allusion dans une lettre pastorale publiée au mois de septembre dernier. Il a qualifié la discrimination religieuse de violation de la liberté de religion et de croyance.

Cependant, en dépit de cet environnement défavorable, l’association des étudiants catholiques de Thai Binh comporte aujourd’hui six cents membres. Cent d’entre eux poursuivent leurs études dans des institutions locales. Les autres sont étudiants à Hanoi ou ailleurs. Lors de sa création en 1996, l’association n’avait que quarante membres, dont un certain nombre n’étaient pas catholiques. Depuis l’année 2000, les étudiants catholiques se rencontrent à l’évêché de Thai Binh, le premier dimanche de chaque mois. A Hanoi, une réunion équivalente a lieu dans la paroisse de Ham Long tous les mercredis après-midi. Ces rassemblements sont consacrés à l’étude de la foi chrétienne, à la prière, au partage de la Parole de Dieu. Le partage des expériences quotidiennes vécues par chacun et des débats y occupent aussi une grande place. Des prêtres et des séminaristes y participent également qui répondent aux questions posées sur divers sujets.

Selon un des témoins rencontrés, le problème majeur des étudiants du Nord-Vietnam est la faiblesse de leurs ressources financières. Le montant des dépenses mensuelles d’un étudiant est de 400 000 dôngs (24 euros) à Thai Binh et de 600 000 dôngs à Hanoi. La plupart d’entre eux sont issus de familles modestes ou pauvres. Pour beaucoup, leur seule nourriture quotidienne se compose de deux sachets de nouilles, un pour chaque repas de la journée. Beaucoup d’étudiants essaient d’augmenter leurs revenus en dégotant des emplois à mi-temps, musiciens dans les cérémonies de mariage ou les night-clubs, serveurs dans les restaurants.