Eglises d'Asie – Indonésie
Un évêque catholique apporte son soutien aux opposants à un projet de loi visant à restreindre le rôle des syndicats et à faciliter le recours à la sous-traitance dans l’industrie
Publié le 18/03/2010
Le projet de loi s’inscrit dans une réforme plus vaste du droit du travail, lancée en 1998 par le gouvernement avec l’aide de l’Organisation internationale du travail. Au début du mois d’avril dernier, le texte en question devait passer devant les députés de la Chambre des représentants mais a finalement été retiré de l’ordre du jour après que des milliers de manifestants eurent défilé dans les rues de Djakarta et d’autres grandes villes du pays, entraînant ici ou là des heurts avec les forces de l’ordre. Les opposants au projet de loi reprochent à celui-ci d’affaiblir le rôle des syndicats en mettant en place un nouveau mécanisme de règlement des conflits du travail et d’aggraver le sort des ouvriers en légalisant le recours à la sous-traitance, les ouvriers ne bénéficiant, dans les petites entreprises de sous-traitance, d’aucune des sécurités et avantages offerts par les grandes entreprises.
Selon Mgr Angkur, “le gouvernement doit s’assurer de la protection des travailleurs, de leur juste traitement ainsi que du respect des droits de l’homme par les employeurs”. Etant donné la crise traversée par l’économie indonésienne et les tensions qui s’exercent sur le marché du travail et au sein des entreprises, l’évêque a dit que “les deux parties, employés et employeurs, devaient toujours maintenir le dialogue Il a aussi ajouté que, si les revendications des ouvriers étaient légitimes, ces derniers devaient garder à l’esprit la nécessité pour eux d’accroître leur savoir-faire et leur productivité.
Autour de l’évêque, ce 15 mai, quelque soixante-dix ouvriers catholiques s’étaient réunis. Certains ont témoigné de leurs conditions de travail, déclarant que le salaire minimum dans le district de Bogor, fixé à 598 000 roupies par mois (65 euros) “n’[était] même pas suffisant pour survivre”. D’autres ont dit qu’ils ne voulaient pas que leurs enfants vivent la même vie qu’eux, les journées de travail dans les ateliers débutant à 8 heures du matin et finissant à 9 heures du soir. Enfin, selon certains, “les accidents de travail sont nombreux du fait des mauvaises conditions de sécurité dans les usines, mais nous continuons à travailler car le marché de l’emploi est maussade”. Selon l’Organisation mondiale du travail, 52 000 personnes ont eu un accident du travail en 2002 en Indonésie ; 1 049 en sont mortes et 5 400 en ont gardé un handicap physique irréversible.