Eglises d'Asie

Cachemire : des attaques contre des établissements chrétiens font suite à des articles de presse dénonçant un mouvement de conversion au christianisme chez les musulmans

Publié le 18/03/2010




De récentes attaques contre des établissements chrétiens de la vallée du Cachemire ont jeté l’émoi au sein de la minorité chrétienne du lieu, jusqu’ici relativement épargnée par les hostilités qui ensanglantent la région depuis 1989. Une enseignante a été tuée et sa collègue blessée à l’école St Luke dans le district de Anantnag à la suite de l’explosion de grenades lancées par des individus suspectés d’être des militants musulmans. L’école est gérée par des chrétiens protestants. Deux jours plus tôt, l’école du Bon Pasteur à Pulwama avait également été l’objet d’une attaque à la grenade, qui, heureusement, n’avait pas explosé. L’école est placée sous la direction d’un prêtre de la société missionnaire de Mill Hill, le P. Jim Borst, qui travaille dans la région depuis une quarantaine d’années. Les deux écoles sont situées respectivement à 50 et à 25 km. au sud-est de Srinagar, la capitale d’été de l’Etat.

Mgr Peter Celestine Elamapassery, évêque de Jammu Srinagar, a confié à l’agence Ucanews que ces attaques avaient provoqué une grande inquiétude au sein des communautés chrétiennes de la région. Jusque là en effet, celles-ci avaient moins souffert des violences entraînées par la lutte opposant mouvements indépendantistes et irrédentistes aux forces militaires indiennes qui, depuis quatorze ans, a provoqué la mort de 70 000 personnes et fait fuir hors du territoire de l’Etat une grande partie des hindous. L’archevêque a affirmé que l’Eglise ne tenait à attribuer à personne l’initiative de ces actes malveillants, ses relations avec les musulmans du Cachemire, à qui elle propose ses services, étant excellentes. Cependant, la presse et certains observateurs n’ont pas manqué de mettre ces dernières attaques en relation avec des reportages parus dans la grande presse nationale faisant état d’un important mouvement de conversions opérées par les chrétiens au sein de la population musulmane (1). Une série de reportages parus dans The Indian Express au mois d’avril affirmaient, en effet, que, “malgré le bruit des armes et les violences sans fin, le Cachemire est le théâtre d’un discret mouvement de conversion des musulmans au christianisme Le journal faisait état de statistiques fournies par des groupes protestants eux-mêmes, selon lesquelles le nombre des nouveaux convertis dépasserait les 10 000. Le prêtre missionnaire, le P. Borst, cible d’un des deux attentats récents, était cité nommément comme un des plus actifs agents de ce travail de conversion. Le porte-parole de la Conférence épiscopale avait aussitôt démenti le contenu des reportages et affirmé que l’accusation de prosélytisme portée par le journal était totalement infondée.

Un officier de police, qui a tenu à garder l’anonymat, a révélé l’existence de certains rapports secrets mettant en garde contre la possibilité d’autres agressions visant des établissements chrétiens. Selon lui, les récents articles de presse auraient provoqué une colère anti-chrétienne chez certains groupes militants. Cependant, ce n’est pas l’avis d’un représentant d’une école de Srinagar, qui affirme que les assaillants auraient bien pu essayer de tirer avantage des affirmations de la presse. Quelques individus mécontents, poussés par de tout autres raisons que la rébellion ou les conversions, seraient à l’origine de ces dernières attaques. Les articles de The Indian Express leur auraient servi de prétexte.