Eglises d'Asie

Dans une certaine confusion, la loi sur l’éducation, controversée et à laquelle les milieux chrétiens sont opposés, a été votée par la Chambre des Représentants

Publié le 18/03/2010




Depuis de nombreux mois, la scène politique indonésienne était – en partie – agitée par le débat sur un projet de loi sur l’éducation. Ce projet de loi, tout en stipulant que tous les jeunes Indonésiens âgés de 7 à 15 ans doivent recevoir une éducation de base, affirmait le droit pour tous les élèves de recevoir un enseignement religieux conforme à leur appartenance confessionnelle. Dès le début du débat, en octo-bre 2001, les milieux chrétiens avaient fait connaître leur opposition à ce texte, mettant en avant le fait que l’éducation religieuse est un sujet qui doit être traité séparément de l’enseignement général. Les écoles chrétiennes dénonçaient en particulier l’obligation qui allait leur être faite de recruter des pro-fesseurs de religion musulmans pour enseigner l’islam à la partie, importante, de leurs élèves de re-ligion musulmane. A plusieurs reprises ces derniers mois, des musulmans favorables au projet de loi et des chrétiens défavorables au texte avaient manifesté dans le pays, réclamant qui le vote qui le retrait du texte. A plusieurs reprises également, la Chambre des Représentants avait repoussé la date du vote. Finalement, le 11 juin dernier, les députés ont adopté le texte de loi, malgré l’absence des représentants du plus important parti de la Chambre, le Parti démocratique indonésien de lutte (PDI-Perjuangan), de la présidente Sukarnoputri. Sur les 500 sièges que compte la Chambre, le PDI-P en contrôle 153.

Ces dernières semaines, le PDI-P avait indiqué qu’il voterait in fine le texte de loi (1) mais avait insisté, avec une petite formation, l’Unité de la nation indonésienne (KKI), pour que les députés ne votent pas le projet de loi tant que ses opposants dans la société civile, en particulier au sein des Eglises chrétiennes, seraient si nombreux. Selon un député du PDI-P interrogé par le Jakarta Post, son parti “était d’accord sur le fond avec la loi mais nous voulions simplement du temps pour dialoguer avec les Indonésiens et les responsables religieux afin d’apaiser les controverses à son sujet”. Le 10 juin, jour fixé pour le vote sur le texte de loi, le PDI-P a déclaré qu’il boycottait la séance, provoquant le report du vote de vingt-quatre heures. Le lendemain, le vote était acquis, bien que plusieurs législateurs appartenant à des partis favorables au texte se soient déclarés personnellement opposés au texte de loi tel qu’il était rédigé.

Selon Baharuddin Aritonang, député du Golkar, la formation de l’ancien président Suharto, le débat sur la loi sur l’éducation ne peut être séparé des élections à venir de 2004, élections présidentielles et législatives. Selon lui, son parti et les autres formations qui ont voté le texte controversé l’ont fait pour gagner le soutien de l’électorat musulman en 2004.

Une fois voté, le texte ne prend toutefois pas force de loi immédiatement. Selon la Constitution de 1945, la loi ne deviendra effective que si, dans un délai de trente jours à compter du vote, le président de la République y appose sa signature. Au cas où le texte n’est pas signé par le président dans les trente jours, le texte prend automatiquement force de loi passé ce délai de trente jours. Or, selon certains députés du Golkar et du Parti du réveil national, parti proche de la Nahdlatul Ulama, si le PDI-P n’a pas pris part au vote, c’est peut-être pour donner un prétexte à la présidente Megawati Sukarnoputri pour ne pas parapher le texte de loi, au cas où l’opposition des milieux chrétiens monterait en puissance et viendrait mettre en danger le profit politique qui peut être tiré de la promulgation d’une telle loi en Indonésie.