Eglises d'Asie

La deuxième personnalité du bouddhisme unifié ne sera libérée de sa résidence surveillée actuelle qu’au mois de septembre 2003

Publié le 18/03/2010




Après l’entrevue officielle entre le Premier ministre et le patriarche du bouddhisme unifié, l’apparente liberté de déplacement accordée à ce dernier (1), on s’attendait à ce que de mêmes mesures libérales soient prises en faveur du second dignitaire de la même Eglise, aujourd’hui en résidence surveillée dans sa propre cellule monastique au couvent de Thanh Minh Thiên à Hô Chi Minh-Ville. Beaucoup espéraient que sa libération aurait lieu, le 1er juin, date effective où aurait dû s’achever sa peine. Mais, les dernières déclarations de la porte-parole des Affaires étrangères vietnamiennes ont donné à entendre que le gouvernement vietnamien ne fera pas preuve du même libéralisme pour le second du patriarche. Le 6 juin, celle-ci a, en effet, informé la presse que le vénérable Thich Quang Dô purgerait le reste de ses deux ans de résidence surveillée, peine à laquelle il a été condamné le 1er juin 2001, jusqu’au mois de septembre prochain. A cette date, il jouirait de l’amnistie présidentielle proclamée le 2 septembre de chaque année.

Dans les semaines précédentes, diverses déclarations officielles au sujet du religieux avaient déjà laissé prévoir que la libération espérée n’aurait pas lieu. A la fin du mois de mai, la porte-parole du gouvernement vietnamien avait refusé de répondre aux questions posées par les journalistes au sujet de ce religieux bien connu à l’étranger, en particulier, pour figurer depuis plusieurs années sur les listes des proposés au prix Nobel.

Des images tragiques inscrites dans la mémoire du vénérable Thich Quang Dô sont à l’origine de son long itinéraire de résistant. Il les a décrites dans une lettre envoyée au secrétaire général du Parti communiste vietnamien au mois d’août 1994 (2). Le jour de la prise de pouvoir des communistes au Vietnam, le 19 août 1945, jeune religieux, il fut le témoin horrifié du meurtre de son maître en religion, le vénérable Thich Duc Hai, exécuté de trois coups de fusil dans la tempe après un jugement populaire sommaire. La lettre évoque encore deux autres morts tragiques de religieux, ses maîtres, par suite des mauvais traitements reçus. On comprend que le religieux qui est né en 1928 dans la province de Thai Binh se soit exilé au Sud-Vietnam, lors de la prise de pouvoir du régime communiste au Nord-Vietnam, où il est devenu très rapidement une personnalité de renom. Lors du changement de régime, il était secrétaire général de l’Institut de propagation du Dharma, sorte de bureau exécutif du bouddhisme unifié au Vietnam. A ce titre, il émit des protestations contre les violations de la liberté religieuse, les confiscations d’établissements bouddhistes comme l’orphelinat de Quach Thi Trang. Avec cinq autres religieux, il est arrêté le 6 avril 1977. Lors de son procès, le 8 décembre 1978, les accusations portées contre lui sont ridicules et il est rapidement libéré.

En 1981, le gouvernement interdit le bouddhisme unifié et fonde une Eglise bouddhiste du Vietnam sous son patronage. Le 25 février 1982, les deux figures de l’opposition bouddhiste aux autorités, le vénérable Thich Huyên Quang et son adjoint, le vénérable Thich Quang Dô, sont arrêtées. Le second est exilé dans le Quang Tri, tandis que le premier est envoyé en résidence surveillée dans son village natal, dans la province de Thai Binh, avec sa mère qui y mourra trois ans plus tard. En mars 1992, il est, de sa propre initiative, de retour à Saigon. En janvier 1995, suite à un écrit de 44 pages envoyé au secrétaire général du Parti en août 1994 et à une tentative d’assistance aux victimes des inondations, il est à nouveau arrêté. Jugé le 15 août 1995 avec cinq autres religieux, il est condamné à nouveau à cinq ans de prison. En septembre 1998, il revient à Saigon où tous ses déplacements sont étroitement surveillés. A la suite d’un appel lancé par lui en faveur de la démocratie, il est de nouveau placé en résidence surveillée dans son propre monastère de Thanh Minh Thiên, à Hô Chi Minh-Ville, le 1er juin 2001.