Eglises d'Asie – Inde
L’archevêque de New Delhi crée des paroisses personnelles pour les catholiques de rite oriental dans son diocèse
Publié le 18/03/2010
L’Eglise de l’Inde comprend trois rites, les rites latin, syro-malabar, syro-malankara (1). Les fidèles de rite romain sont les plus nombreux. Ceux de rite syro-malankara sont en petit nombre. L’Eglise syro-malabar compte quelque 3,8 millions de chrétiens. Les fidèles de rites orientaux résident pour la plus grande partie dans l’Etat du Kérala mais beaucoup sont allés s’installer dans d’autres parties de l’Inde ou dans divers pays d’Europe, de l’Amérique du Nord et du Golfe persique. Pour les prendre en charge, les responsables syro-malabar réclament depuis longtemps la création de nouveaux diocèses de rite oriental. Cette requête a été récemment à nouveau soumise au Saint Père, semble-t-il sans succès, lors de la récente visite ad limina des évêques indiens (2).
L’archidiocèse de Delhi, qui couvre les Etats de Delhi et de Haryana, s’étend sur 15 400 km et comporte quarante-sept paroisses, a souvent été le théâtre de tensions, voire de conflits, entre les communautés de rites latin et oriental. Les dirigeants du mouvement en faveur des syro-malabar affirment qu’au moins la moitié des 85 000 catholiques de l’archidiocèse appartiennent à leur rite, ce que contestent les responsables de rite latin. Le 30 avril dernier, quelques catholiques de rite syro-malabar ont manifesté devant la cathédrale du Sacré Cour, à New Delhi. A l’issue de la manifestation, ils ont soumis au cardinal Varkey Vithayathil, archevêque de Ernakulam-Angamaly, alors en visite ad limina à Rome, un mémorandum demandant pour les catholiques syro-malabar un diocèse séparé à New Delhi. Quelque temps auparavant, après la veillée pascale, un groupe de fidèles avait fait fermer par la force les portes de l’église de St Sébastien, à Disha Garden, pendant une semaine, prétendant que le curé de la paroisse avait traité les catholiques syro-malabar de citoyens de seconde classe. Un incident analogue avait eu lieu en avril 2000, date à laquelle une église avait été fermée dans des circonstances similaires.
Les nouvelles paroisses personnelles crées par le décret du 14 mai sont conformes aux dispositions prévues par le Droit Canon romain à cet effet. Celles-ci prévoient la mise en place de ce type de paroisses qui peuvent rassembler des fidèles parlant la même langue, ou appartenant à une même nationalité, ou encore à un même rite, ce qui est le cas. L’archevêque de New Delhi a expliqué, dans son décret, que c’est une Commission “inter-rite” mise en place par le synode archidiocésain tenu au mois d’octobre dernier, qui avait recommandé la création de paroisses “personnelles-territoriales” d’extension égale à celle des paroisses latines existant déjà. L’archevêque a cependant précisé que tous les catholiques habitant sur le territoire de son archidiocèse relevaient de sa juridiction.
Le décret de création de paroisses personnelles qui a été lu dans toutes les églises et lieux de culte de l’archidiocèse précise que chacune des paroisses aura son nom et son prêtre desservant. Celui-ci sera proposé par les évêques orientaux à l’archevêque du lieu pour qu’il le nomme. Le décret permet aux catholiques orientaux d’utiliser les établissements existants dans les paroisses tant qu’ils n’auront pas mis en place leurs propres infrastructures. L’archevêque présume que tous les catholiques orientaux sur le territoire d’une paroisse personnelle auront à coeur de venir y participer à la liturgie de leur rite. Si, pour des motifs qui leur sont particuliers, certains voulaient rester membres de la communauté latine, ils en seraient libres. Mais ensuite, ils ne pourront plus revenir sur leurs choix, sauf pour de sérieuses raisons et avec l’approbation de l’archevêque.
Dans les milieux catholiques orientaux de la capitale fédérale de l’Inde, les réactions ont été mitigées. Le P. Sebastian Vadakumpadam, l’aumônier des catholiques syro-malabar de Delhi, estime que le nombre des paroisses personnelles est encore insuffisant pour satisfaire les besoins pastoraux des fidèles. Il a, cependant, affirmé qu’il s’efforcerait d’utiliser de son mieux les nouvelles institutions mises à sa disposition.