Eglises d'Asie

Mindanao : le président de la Conférence épiscopale estime que aussi bien le gouvernement que le MILF sont d’accord pour reprendre les négociations

Publié le 18/03/2010




Mgr Orlando Quevedo, archevêque de Cotabato et président de la Conférence des évêques catholiques des Philippines, appelle à la persévérance et à la poursuite des efforts visant au retour tant du gouvernement que du MILF (Front moro de libération islamique) à la table des négociations. Dans un communiqué daté du 28 mai dernier, Mgr Quevedo a fait part des récents contacts de l’Eglise avec la présidente philippine et les responsables du MILF. Citant la “Lettre ouverte” publiée le 5 mai dernier par le Comité permanent de la Conférence épiscopale à l’adresse de Gloria Arroyo et de Salamat Hashim, président du MILF (1), Mgr Quevedo a déclaré que les deux parties avaient répondu positivement.

Du côté du MILF, quelques heures après le communiqué de Mgr Quevedo, le MILF a annoncé un cessez-le-feu unilatéral d’une durée de dix jours débutant le 2 juin. Du côté de la présidence, la réponse n’a pas été semblable. En partance pour une visite officielle en Corée du Sud, la présidente a déclaré que le cessez-le-feu ne changeait rien à la détermination de son gouvernement de poursuivre l’offensive militaire déclenchée en février dernier contre le MILF. Elle a ajouté que c’était au MILF de prouver que ce cessez-le-feu n’était pas une “ruse tactique” et qu’il pouvait se muer “en paix durable”. Cependant, en dépit de ces prises de position a priori opposées, le président de la Conférence épiscopale a estimé que “le fondement des efforts de paix entrepris (par l’Eglise) [était] la conviction, confirmée aussi bien par le MILF que par le gouvernement, que seul un règlement politique négocié pourrait régler le problème de Mindanao, la guerre n’étant pas la solution”.

Dans son communiqué du 28 mai, intitulé : “Le retour des personnes déplacées chez elles : une probabilité Mgr Quevedo a révélé avoir reçu une lettre du MILF en date du 19 mai par laquelle le mouvement rebelle musulman disait son accord au souhait exprimé par le président américain George W. Bush à la présidente Arroyo lors de la visite d’Etat que celle-ci a effectuée aux Etats-Unis du 17 au 25 mai dernier, à savoir que les Etats-Unis voulaient “une solution pacifique au conflit (de Mindanao”. Pour l’évêque philippin, il est significatif que le MILF se déclare “déterminé à épuiser tous les moyens possibles de façon à ne pas être entraîné dans des engagements menant à des actions violentes ou des actes de rétorsions instantanées”. De plus, selon Mgr Quevedo, les responsables du MILF ont réitéré l’assurance qu’ils coopéreront pour assurer le retour chez elles de plus de 100 000 personnes déplacées par les combats de ces derniers mois.

Toujours selon Mgr Quevedo, des responsables gouvernementaux ont également donné des assurances selon lesquelles les autorités philippines vont tout mettre en ouvre pour permettre le retour des personnes déplacées. Citant des rencontres qu’il a eues avec de hauts fonctionnaires, Mgr Quevedo a déclaré que, dans l’esprit d’Arroyo, les actions militaires devaient être “ciblées” et dirigées contre les “cellules terroristes incrustées” dans la région de Mindanao et qu’elles n’étaient pas “une guerre totale” contre le MILF. Dans une lettre en date du 21 mai, le conseiller présidentiel pour le processus de paix à Mindanao, Eduardo Ermita, a écrit à Mgr Quevedo que le gouvernement avait déclaré la région de Buliok, qui abritait un des principaux camps du MILF à l’origine de l’offensive militaire gouvernementale de février dernier, “zone de paix”.

Sur le terrain, divers accrochages ont entaché le cessez-le-feu décidé par le MILF et respecté depuis le dimanche 1er juin. L’armée a imputé ces accrochages au MILF, ce qu’un porte-parole du mouvement musulman a démenti. Le 4 juin, à Kidapawan City, ville située dans la province de Cotabato Nord, trois engins explosifs ont été désamorcés à temps. Ils avaient été placés près des locaux d’une radio catholique locale et étaient programmés pour exploser lors du passage à la radio du gouverneur de la province, Emmanuel Pinol, connu pour ses positions hostiles au MILF. Mohaguer Iqbal, responsable de l’information au sein du MILF, a démenti que son mouvement soit à l’origine de cette tentative d’attentat, déclarant que le gouverneur remuait “ciel et terre pour saboter les pourparlers de paix ou toutes entreprises visant à résoudre le problème moro à Mindanao”.