Eglises d'Asie

Aceh : les opérations militaires lancées par le gouvernement et le contrôle exercé par les autorités sur les ONG rendent difficile l’aide de l’Eglise catholique aux réfugiés

Publié le 18/03/2010




Selon Mgr Alfred Gonti Pius Datubara, évêque de l’archidiocèse de Medan, les opérations militaires menées par le gouvernement contre les séparatistes d’Aceh ainsi que le contrôle exercé par les autorités sur les ONG souhaitant venir en aide à la population acehnaise rendent très difficile l’aide que l’Eglise catholique souhaite apporter aux réfugiés à Aceh. Le territoire de l’archidiocèse de Medan comprend la province d’Aceh, province musulmane à 98 %, ainsi que la plus grande partie de la province de Sumatra-Nord, dont Medan est le chef-lieu. De passage à Djakarta le 17 juin dernier, Mgr Datubara a déclaré que l’Eglise ainsi que les ONG ne pouvaient agir qu’auprès des réfugiés ayant fui la province d’Aceh pour trouver refuge à Sumatra-Nord.

Depuis que la présidente Megawati Sukarnoputri a décrété, le 18 mai dernier, la loi martiale à Aceh (1), l’offensive des forces armées gouvernementales contre les hommes du GAM (Mouvement pour Aceh libre), l’organisation séparatiste revendiquant l’indépendance d’Aceh, les combats ont fait fuir 40 000 personnes de chez elles. L’armée, pour tenter de couper le GAM de ses soutiens dans la population locale, favorise cet exode et a ouvert quatorze camps de réfugiés à l’intérieur de la province d’Aceh. La province étant interdite aux étrangers, aux journalistes non enregistrés auprès des autorités et aux ONG indépendantes, les informations sur la situation dans ces camps sont fragmentaires. Selon les médias indonésiens, les problèmes de santé, en particulier les infections respiratoires et intestinales, et le manque de nourriture sont aigus.

A Sumatra-Nord, l’archevêque de Medan a précisé que l’Eglise faisait son possible pour aider les Acehnais réfugiés à Binjai, localité située à proximité de Medan. Des vêtements et du riz, dons de catholiques de Medan et de Djakarta, ont été distribués. Par ailleurs, le P. Yosephus Edi Mulyono, directeur du Service jésuite des réfugiés pour l’Indonésie, a précisé que les trois personnes que son organisation a postées en 2001 à Banda Aceh, chef-lieu de la province d’Aceh, étaient toujours sur place. « Elles ne font qu’observer la situation et ne sont pas en mesure d’apporter de l’aide, étant donné les restrictions gouvernementales imposées aux ONG étrangères à Aceh a-t-il déclaré. Enfin, le P. Ferdinando Severi, missionnaire d’origine italienne et curé de l’unique paroisse catholique de la province d’Aceh, n’a pas quitté sa paroisse, contrairement à une partie de ses paroissiens, d’origine chinoise pour nombre d’entre eux, qui ont préféré fuir les combats en allant trouver refuge à Medan. Joint par téléphone le 18 juin dernier par l’agence Ucanews, le P. Severi a souligné qu’il était très difficile pour l’Eglise d’aider les réfugiés dans la province étant donné « les problèmes de sécurité ». Il a ajouté que l’urgence humanitaire lui paraissait moindre qu’il y a trois ans, au moment des derniers combats, car, cette fois-ci, le gouvernement apportait une aide plus importante aux personnes déplacées. Selon lui, la rentrée scolaire dans les quelques écoles catholiques de la province se fera avec des effectifs réduits, nombre de parents ayant pris la précaution d’inscrire leurs enfants dans les écoles de Medan. Depuis le début des combats, les écoles, publiques ou confessionnelles, ont été prises pour cibles par des éléments non identifiés ; plus de cinq cents établissements scolaires ont été incendiés et une soixantaine d’enseignants assassinés.