Eglises d'Asie

Assam : des religieux hindous s’engagent à extirper de l’Inde les dernières traces des sacrifices humains

Publié le 18/03/2010




Cinquante mille religieux hindous se sont rassemblés dans le temple consacré à la déesse hindoue, Kamakhya, à Guwahati, la capitale de l’Etat d’Assam, pour célébrer les fêtes annuelles de Ambubachi Mela, fêtes qui ont commencé le dimanche 22 juin et ont duré quatre jours. Depuis toujours, ce temple est considéré comme le plus haut lieu du tantrisme, une sorte de magie noire qui a fait partie intégrante de la tradition indienne des siècles durant. Les mystiques rassemblés dans ce temple à cette occasion affirment pouvoir réaliser les plus merveilleux prodiges, féconder des couples stériles, mettre fin au célibat de personnes esseulées, délivrer de tous les maux en les chassant sur d’autres. Autant de résultats qui sont obtenus à l’aide de pratiques mystérieuses dont certaines sont des plus barbares. On accuse même les mystiques du tantrisme de perpétuer les sacrifices humains.

C’est au moins ce qu’a affirmé à (1) un des religieux venus participer à cette assemblée, Biswajit Giri. Selon lui, “le sacrifice humain n’est pas encore mort complètement et il serait encore pratiqué secrètement dans certains temples de l’Inde Un autre participant, Birati Baba, pratiquant du culte secret d’Aghor, dont les adhérents méditent la nuit dans les cimetières, sans nier l’existence des sacrifices humains, a cependant affirmé que beaucoup de mystiques tantriques s’efforcent de faire prendre conscience à leurs coreligionnaires de la barbarie inhérente à cette horrible coutume. “Nous devons mettre un terme à ces pratiques barbares qui déshonorent le tantrisme a-t-il dit. Lors du rassemblement de Guwahati, des milliers de religieux se sont engagés à lutter contre les survivances de cette ancienne coutume.

Il semble bien pourtant que des sacrifices humains ou du moins des tentatives de sacrifices se produisent ici et là. A l’intérieur même du temple de Kamakhya, la semaine précédant la fête de Ambubachi Mela, une personne prétendument mystique a failli sacrifier sa fille de dix-huit mois. Elle était en train de lui trancher le cou avec un rasoir lorsque les cris de la petite victime ont alerté des fidèles qui sont venus à son secours. Selon un des responsables du lieu de culte, il s’agissait d’une personne dérangée qui, un peu plus tard, a été arrêtée par la police. Des patrouilles de police, en effet, surveillent le temple en permanence, prêtes à réagir au moindre incident. On rapporte aussi que, plus tôt dans l’année, deux enfants ont été sacrifiés dans l’Etat du Tripura par un mystique après que, dans un songe, il eut été averti que l’accomplissement de ces sacrifices le conduirait à la découverte d’un trésor.

Selon des rumeurs non confirmées, la pratique des sacrifices humains, qui serait un élément essentiel de la mystique et du culte tantriques, aurait eu une certaine extension en Assam et autres parties de l’Inde bien qu’officiellement abandonnée voilà maintenant 250 ans. Un chercheur spécialiste du tantrisme cite le temple de Kasaï Kathi (‘la maison du massacre’) dont on dit qu’il a abrité des sacrifices d’enfants. Aucune preuve de ces faits cependant ne peut être fournie, le temple en question étant maintenant complètement détruit à la suite de fortes inondations provoquées par le tremblement de terre qui a ravagé l’Etat en 1950. D’une manière générale, beaucoup des moines venus de toutes les parties de l’Inde et du Népal au temple de Kamakhya pour y célébrer la fête sont persuadés que les sacrifices humains se perpétuent en de nombreux endroits, mais dans le secret le plus absolu, pour éviter tout scandale et toute controverse. L’un d’entre eux a même affirmé qu’il s’agissait là d’une partie indispensable des cérémonies destinées à apaiser la colère de la déesse et à obtenir d’elle ses bénédictions. Cependant, a-t-il ajouté, de nos jours, on ne trouve plus de volontaire pour s’offrir en sacrifice. Aussi bien, l’ancien rituel est accompli maintenant, dans toute son extension, sur de grandes poupées de six pieds qui sont désormais les substituts symboliques des anciennes victimes.