Eglises d'Asie

La Conférence des évêques et des oulémas tiendra sa prochaine assemblée du 19 au 21 août 2003 et se prépare à inviter un certain nombre d’intervenants étrangers

Publié le 18/03/2010




Lors d’une réunion qui s’est tenue le 10 juin dernier à Manille, la Conférence des évêques et des oulémas, anciennement connue sous le nom de Forum des évêques et des oulémas (1), a fixé le cadre de ce qui sera sa prochaine assemblée. Initialement, les évêques et les oulémas philippins avaient prévu de discuter des “répercussions possibles” à travers le monde de la guerre en Irak. Après leur rencontre, et semble-t-il, sous l’influence de Norberto Gonzalez, conseiller spécial auprès de la présidente Gloria Arroyo, le thème de la rencontre ainsi que le nombre et l’origine des participants ont été élargis. La rencontre aura lieu des 19 au 21 août prochains dans les bâtiments de l’ancienne base militaire américaine de Subic Bay, aujourd’hui transformée en centre touristique et le thème sera le suivant : “Rechercher la paix et le développement à travers un authentique dialogue de vie entre chrétiens et musulmans”. De cent délégués initialement prévus, les évêques et les oulémas ont décidé de passer à deux cent cinquante, les responsables philippins de la rencontre étant autorisés à inviter pour chacun des groupes, musulman, catholique et protestant, trente délégués étrangers.

A l’issue de la réunion du 10 juin, Mgr Fernando Capalla, archevêque du diocèse catholique de Davao, a déclaré qu’il espérait, lors de l’assemblée du mois d’août, expliquer aux délégués réunis comment la coopération entre catholiques, protestants et musulmans a permis que le conflit de Mindanao ne dégénère pas en une “guerre de religion”. Faisant référence à la fondation du Forum des évêques et des oulémas en 1996, Mgr Capalla a dit que “si nous ne nous étions pas rassemblés et si nous n’avions pas travaillé comme nous l’avons fait depuis 1996, en formant une équipe, ceux qui alimentent cette guerre auraient aujourd’hui fait de ce conflit une lutte opposant chrétiens et musulmans, ce qu’il n’a jamais été et ne pourra jamais être”. Deux jours plus tard, le 12 juin, et sans que l’on puisse dire si les deux événements sont liés, le MILF (Front moro de libération islamique), le principal mouvement musulman en rébellion armée contre le pouvoir central à Mindanao, a déclaré qu’il renouvelait pour dix jours le cessez-le-feu unilatéral prononcé par lui le 2 juin (2). Al Haj Mural Ebrahim, vice-président du MILF en charge des affaires militaires, déclarait à cette occasion que la décision de prolonger le cessez-le-feu avait été prise en considération “de la clameur croissante venue de différents groupes musulmans et d’Eglise, de partisans de la paix, de militants de la société civile et de personnalités bien intentionnées” en faveur de la paix et pour les négociations.

Ceci étant dit, Mgr Capalla n’a pas fait mystère de l’engagement du conseiller présidentiel Norberto Gonzalez dans la préparation de l’assemblée du mois d’août. Outre un financement public et la mise à disposition de moyens publics (transport, sécurité), le gouvernement philippin semble vouloir internationaliser la Conférence des évêques et des oulémas. Norberto Gonzalez a répété à plusieurs reprises lors de la réunion du 10 juin que la paix et la stabilité de l’Asie du Sud-Est étaient “un dossier particulier” pour la présidence des Philippines et celle des pays de l’ASEAN (Association des Nations du Sud-Est asiatique). En réponse à ce souhait, Mahid Mutilan, président de la Ligue des oulémas des Philippines, a suggéré d’inviter des délégués musulmans du Cambodge ainsi que du Japon et de Corée du Sud. Les noms de responsables musulmans libyen et palestinien ont également été cités. Du côté catholique, le nom du jésuite Tom Michel, membre du Secrétariat pour l’ocuménisme de la FABC (Fédération des Conférences épiscopales d’Asie) et spécialiste du dialogue interreligieux, a été cité.