Eglises d'Asie

Les responsables de l’Eglise catholique achèvent de rédiger un projet de charte sur la conduite à tenir vis-à-vis des prêtres commettant des écarts de conduite en matière de mours

Publié le 18/03/2010




Lors de leur assemblée plénière de ce mois de juillet, les évêques catholiques des Philippines auront à étudier un texte de charte sur la conduite à tenir vis-à-vis des membres du clergé commettant des écarts de conduite en matière de mours. Ce texte, dont la rédaction a commencé il y a plus d’un an (1), est deux fois plus long que sa première mouture, étudiée en janvier dernier par les évêques. Selon Mgr Gaudencio Rosales, archevêque de Lipa et président de la Commission épiscopale pour le clergé, l’allongement du texte est dû à la prise en compte des remarques que les évêques et les supérieurs majeurs des congrégations masculines et féminines ont proposées durant la phase de consultation qui a présidé à sa rédaction (2). “Nous avons ajouté de nombreuses nouvelles nuances et avons procédé pas à pas, passant en revue le document dans sa totalité a déclaré Mgr Rosales à l’agence Ucanews le 18 juin dernier. “Nous avons le sentiment que notre document sera moins répressif que la ‘Charte pour la protection des enfants et des jeunes personnes’ adoptée par la Conférence épiscopale des Etats-Unis a-t-il ajouté.

Notant que l’Eglise des Etats-Unis avait rédigé son texte après qu’un certain nombre de prêtres eurent été mis en examen pour des abus sexuels commis sur des enfants et que de nombreuses voix s’étaient élevées aux Etats-Unis pour reprocher à l’Eglise la manière dont elle avait traité ces cas, Mgr Rosales a estimé que les responsables de l’Eglise des Philippines avaient eu la chance de travailler sur leur projet de Charte sans que la pression des médias ou de la société s’exerce sur eux. Selon lui, l’Eglise des Philippines essaie, en rédigeant ce texte, “d’agir suffisamment en amont pour éviter de se retrouver forcée de le faire sous la pression” de l’actualité. Par les propositions contenues dans ce texte, les évêques veulent éviter à l’avenir l’atmosphère prévalant dans des cas comme ceux de Mgr Bacani (3) ou de Mgr Crisostomo Yalung, ancien évêque du diocèse d’Antipolo (4).

Le texte rédigé par les évêques prévoit des sanctions contre les membres du clergé commettant des écarts de conduite en matière sexuelle mais, a précisé Mgr Rosales, la teneur générale du texte tend à être plus du côté de la “guérison” que de la punition. L’Eglise considère que la victime dans ces affaires doit être l’objet central de l’attention mais que le prêtre ou le religieux impliqué doit aussi être considéré comme une personne qui a besoin d’être guérie. Par ailleurs, pour répondre à la pression des médias, si importante dans ces cas, les évêques souhaitent que, dans chaque diocèse, un porte-parole officiel soit nommé et que toute l’information transite par lui. Selon Mgr Rosales, l’Eglise, en agissant de la sorte, ne cherche pas à étouffer ceux qui lui sont critiques mais “à fournir une information honnête aux médias tout en protégeant les droits des personnes impliquées”.

Après l’assemblée plénière de juillet, les évêques, une fois le texte adopté, enverront le document au Vatican en tant que “recommandation” de la Conférence épiscopale des Philippines au Saint-Siège. Une fois adoptée par Rome, la Charte revêtira un caractère impératif pour les évêques et tous devront l’appliquer, a prévenu Mgr Rosales, qui a ajouté que ceux qui se montreraient “lents” à la mettre en pratique s’exposeraient à des “pressions”.

A propos des indemnisations financières que l’Eglise pourrait être amenée à verser aux personnes victimes d’abus sexuels commis par un religieux ou un prêtre, un évêque a précisé à l’agence Ucanews que le sujet avait été abordé en détail en janvier dernier. La question de savoir si un diocèse est financièrement responsable de ses prêtres a été largement débattue. “Si un évêque accepte de payer des dommages à une victime, cela créera un précédent qui aura des conséquences dans tous les diocèses, a expliqué l’évêque. C’est ce qui c’est passé aux Etats-Unis.” Or, selon lui, un évêque n’a pas avec ses prêtres des relations de type employeur-employé. “Par conséquent, en bonne justice, il est de la responsabilité du prêtre de payer pour les dommages encourus par sa victime. La victime a aussi le droit à la justice mais il n’est pas juste qu’un évêque paie pour les péchés de ses prêtres a-t-il affirmé.

S’exprimant sur le problème spécifique des religieuses, Sour Leonila Bermisa, des Sours de Maryknoll, a déclaré que les évêques font généralement bon accueil aux plaintes que la Commission pour les femmes, rattachée à la Conférence des supérieurs majeurs, peut être amenée à déposer devant eux. “Bien que cela n’a pas toujours été facile, nous pouvons dire que les responsables de l’Eglise et les supérieurs ont fait preuve de coopération et ont répondu positivement, a-t-elle écrit le 15 juin dernier dans un article paru dans The Philippine Daily Inquirer. Dans le cas de Mgr Bacani, la direction de l’Eglise a répondu rapidement.”