Eglises d'Asie

Mandaté par le patriarcat de Moscou, un archevêque orthodoxe russe a béni la pose de la première pierre d’une église orthodoxe, actuellement en construction à Pyongyang

Publié le 18/03/2010




Le 24 juin dernier, venu de Russie, Mgr Kliment, archevêque orthodoxe de Kaluga et Borovsky, a béni à Pyongyang la pose de la première pierre d’une église orthodoxe. Edifiée dans un style mêlant l’architecture coréenne traditionnelle et les bulbes caractéristiques des lieux de culte orthodoxes russes, cette église, une fois achevée, sera l’unique église orthodoxe de la capitale nord-coréenne. Selon Nikolai Balashov, porte-parole du patriarcat de Moscou pour les relations entre les Eglises orthodoxes, c’est la première fois qu’une église orthodoxe est édifiée à Pyongyang depuis la proclamation de la République populaire de Corée, en 1948.

Selon Nikolai Balashov, qui s’est exprimé sur le sujet depuis Moscou, l’idée de bâtir un lieu de culte orthodoxe dans la capitale nord-coréenne est venue à Kim Jong-Il, le très secret leader nord-coréen, l’été dernier, lors d’un voyage en train à travers l’Extrême-Orient russe, après un arrêt à Khabarovsk, en Sibérie, et la visite dans cette ville d’une église orthodoxe. Quelques temps plus tard, une délégation nord-coréenne d’architectes et de membres du très officiel Conseil des croyants s’est rendue en Russie pour y visiter plusieurs lieux de culte. Toujours selon Nikolai Balashov, la taille de l’église en construction à Pyongyang sera modeste.

A Pyongyang, le 24 juin, la présence de l’ambassadeur de Russie en Corée du Nord à la cérémonie de bénédiction de la première pierre a permis de resituer la signification de la construction de cette église, dans un pays au régime stalinien où les activités religieuses, même officielles, sont réduites à presque rien. L’ambassadeur Andrei Karlov a, selon des dépêches d’agence de presse, déclaré ce jour-là que le retour de la foi orthodoxe russe en Corée du Nord était « d’une grande importance pour le développement des relations entre la Russie et [la Corée du Nord] ». Selon ces mêmes agences de presse, Kim Jong-Il aurait envoyé en mai dernier une lettre au président russe Vladimir Poutine pour lui demander son aide afin de sortir de l’impasse dans laquelle sont engagés les pourparlers entre Pyongyang et Washington sur les questions nucléaires. Ayant été écartée ces derniers temps de la gestion de cette crise, Moscou souhaiterait démontrer qu’elle peut jouer là un rôle parce qu’elle est en mesure d’exercer une influence sur Kim Jong-Il. La construction d’une église orthodoxe russe à Pyongyang entrerait dans cette démonstration. Le 22 juin dernier, Vladimir Poutine a déclaré, dans une interview accordée à la BBC, que la Russie était prête « à accueillir toute réunion ou pourparler pour aider sous quelque forme que ce soit à normaliser la situation » avec la Corée du Nord.

Selon des statistiques quasiment invérifiables et données par les agences de presse internationales, le nombre des orthodoxes en Corée du Nord est estimé à deux cents. Par ailleurs, Pyongyang compte deux temples protestants et une église catholique, l’église de Changchung. Ces lieux de culte semblent n’être ouverts qu’à l’occasion du passage dans la capitale nord-coréenne de délégations étrangères (1).