Eglises d'Asie

Une appréciation portée sur le pape par le ministre-président de l’Etat du Tamil Nadu est jugée déplacée les évêques de l’Inde

Publié le 18/03/2010




La dénonciation par le pape des lois contre les conversions adoptées par certains Etats de l’Inde n’a pas fini de susciter des échos agacés en Inde. Après la protestation de certains militants hindouistes, le 6 juin dernier, c’est au tour du ministre-président du Tamil Nadu, Mme Jayaram Jayalalitha, d’élever la voix. Le 13 juin dernier, elle a déclaré à la presse qu’il n’appartenait ni à la compétence du pape, ni à son autorité de se prononcer sur la législation de l’Inde.

Si la plus haute dirigeante du Tamil Nadu relève ainsi le jugement défavorable porté par le chef de l’Eglise catholique sur ce type de lois, lors de deux rencontres à Rome en mai et juin avec deux groupes d’évêques indiens de rite latin (1), c’est qu’elle-même a été à l’initiative de la promulgation de l’une d’entre elle dans l’Etat qu’elle dirige. Une série de dispositions destinées à empêcher les conversions utilisant la contrainte ou la séduction avait été publiée dans son Etat, le 5 octobre 2002 (2), sous la forme d’une ordonnance. Celle-ci avait ensuite été adoptée comme loi par l’Assemblée législative, le 30 octobre (3), malgré de vives réactions de l’opinion publique. Les protestations véhémentes de diverses minorités religieuses n’avaient pu éviter sa promulgation par le gouverneur le 3 décembre suivant (4). “Pour le dire franchement, a-t-elle dit publiquement à Chennai, capitale du Tamil Nadu, cela ne relève pas de ses affaires !”

Les dirigeants d’Eglise, en particulier les membres de la Conférence épiscopale, ont rejeté ces critiques comme des commentaires tout à fait injustifiés et de nature électorale. Le porte-parole des évêques, le P. Babu Joseph, a dit que c’était faire preuve d’une totale incompréhension des propos du pape que de les considérer comme une intervention dans les affaires internes de l’Inde, ou comme une sinistre tentative de déstabilisation. “Un telle lecture, a-t-il conclu, est sans fondement et sans justification.” La conférence épiscopale du Tamil Nadu, dans un communiqué de presse, a précisé que le pape, en tant que dirigeant des catholiques, avait parfaitement le droit d’exprimer son inquiétude à propos des difficultés rencontrées par les catholiques. Les évêques du Tamil Nadu ont ajouté que “le pape, en tant que conscience du monde, a toujours élevé la voix pour protester contre toute violation des droits de l’homme et contre toute guerre”.