Eglises d'Asie

Après avoir été accusés d’espionnage, les neveux du P. Nguyên Van Ly sont désormais coupables de délit d’abus de liberté démocratique

Publié le 18/03/2010




Au début du mois de novembre 2002, avait été porté à la connaissance du public, le texte intégral d’un acte d’accusation (1) détaillant les activités prétendues subversives de trois neveux du P. Thadée Nguyên Van Ly, qui purge aujourd’hui une peine de quinze ans de prison au Nord Vietnam pour avoir animé une campagne pour la liberté religieuse (2). Ses trois neveux, Nguyên Vu Viêt, Nguyên Truc Cuong et Nguyên Thi Hoa, avaient été arrêtés entre le 13 et le 19 juin 2001, environ un mois après l’arrestation de leur oncle. Cet acte d’accusation de cinq pages émanant du Parquet populaire suprême détaillait un nombre considérable de faits jugés répréhensibles, essentiellement des contacts avec une organisation réactionnaire des Etats-Unis. En fin de compte, l’acte d’accusation concluait que les trois inculpés étaient coupables du crime d’espionnage, tel qu’il est défini à l’article 80, section 1, du Code pénal, ainsi libellé : “Est passible de douze à trente ans de prison, d’emprisonnement à vie ou de la peine capitale, quiconque a commis un des crimes suivants : (…) fournir des secrets d’Etat à une nation étrangère ou les recueillir dans l’intention de les lui livrer”.

L’accusation était extrêmement grave et pouvait entraîner une très sévère sentence au cours du procès qui aurait dû se tenir depuis longtemps mais qui a été jusqu’ici toujours reporté à une date ultérieure. Or, on apprenait le 1er juillet, que la commission de sécurité et d’enquête du Ministère de la Sécurité publique avait totalement changé d’avis sur la nature des crimes des trois inculpés. Elle avait en effet proposé au parquet populaire que les trois neveux du P. Ly soient poursuivis pour avoir abusé de la liberté démocratique, violé les intérêts de l’Etat ainsi que les intérêts légaux des organisations civiques, crimes définis à l’article 258 du Code pénal vietnamien. Le parquet populaire suprême a suivi l’avis de la Commission et remplacé le crime d’espionnage primitif par celui proposé par la commission. La différence est considérable. Alors que le crime d’espionnage pouvait être puni de quatorze ans de prison, de prison à perpétuité et même de la peine de mort, la peine requise pour le crime défini à l’article 258 du code pénal est seulement de deux à sept ans de prison.

Le pasteur Nguyên Hông Quang, qui est aussi avocat de profession et a pris en charge la défense des trois neveux du P. Ly, a commenté la décision des autorités judiciaires dans une interview accordée à une organisation indépendante (3). Il se réjouit du changement du contenu de l’accusation et confie n’avoir jamais constaté dans le passé un tel changement d’opinion chez les autorités judiciaires vietnamiennes. Cependant, il reste sur la défensive et a du mal à comprendre pourquoi l’Etat vietnamienne a fait de telles concessions. Selon le pasteur, les seules raisons qui peuvent expliquer ce recul sont la pression de l’opinion internationale et la lutte menée par diverses organisations des droits de l’homme. A son avis, dans des luttes comme celles-là, il est toujours bon de s’appuyer sur l’opinion publique étrangère. Cependant, pour le moment, il n’exclut pas que d’autres changements interviennent et qu’au moment du procès on revienne vers le crime d’espionnage.

A des parents qui sont allés le voir dans son camp d’internement de Ba Sao, au Nord-Vietnam, et lui demandaient s’il était vrai qu’il était intervenu pour atténuer l’accusation porté contre ses neveux, le P. Nguyên Van Ly a répondu par un démenti. Selon ses visiteurs, le P. Ly est aujourd’hui en bonne santé et jouit d’un bon moral. Cependant il est totalement isolé des autres pensionnaires du camp, y compris des dissidents comme Lê Chi Quang et Nguyên Khac Toan qui viennent de rejoindre ce même camp.