Eglises d'Asie

Hô Chi Minh-Ville : malgré l’interdiction des autorités, une communauté protestante construit son église et y célèbre le culte

Publié le 18/03/2010




Malgré l’opposition des autorités municipales, la communauté protestante du deuxième arrondissement, rue Trân Nao, a persévéré dans son projet de construction d’Eglise (1) et l’a même mené aujourd’hui à bien. Cependant, comme le fait remarquer une correspondance électronique en provenance de Hô Chi Minh-Ville, l’attention des autorités à ce projet n’a pas faibli pour cela.

Le 2 juillet dernier, le pasteur de la nouvelle église, le révérend Truong Van Nganh, et son conseil étaient convoqués au comité populaire du deuxième arrondissement pour y entendre lecture d’une résolution leur intimant l’ordre de démonter, eux-mêmes, de leurs propres mains, dans les dix jours, l’ouvrage qu’ils avaient construit. Passé ce délai, si l’église était toujours debout, le pouvoir local userait de contrainte pour abattre l’église. Le Comité populaire exigeait aussi du pasteur de s’acquitter d’une forte amende. En outre, défense était faite aux fidèles protestants par le pouvoir du district de se rassembler dans la nouvelle construction pour y rendre un culte au Seigneur.

Les autorités du district profitèrent de cette rencontre avec les représentants de la communauté protestante pour énumérer les raisons de leur opposition à cette construction d’église. Le terrain acquis par la communauté appartenait à la catégorie des terrains agricoles et n’avait jamais été classé dans la catégorie des terrains à bâtir. La communauté protestante avait bâti une église sans autorisation préalable des autorités. Le terrain ne possédait pas pour le moment de papiers légaux. Enfin, il existerait une contestation au sujet de ce terrain.

Deux jours plus tard, le 4 juillet, le pasteur Nganh signait et envoyait au district une plainte de cinq pages dans laquelle il répondait longuement aux raisons avancées par le district pour s’opposer à la construction de l’église. Un peu plus tard, la communauté protestante décidait que, le dimanche 6 juillet, le premier culte dominical serait organisé dans le nouveau lieu de culte. Averti, le Comité populaire invitait alors le pasteur et son conseil à se rendre au siège du district, le dimanche, 6 juillet à 14 heures, pour leur réitérer l’interdiction de rassemblement dans la nouvelle église. Au nom de leur pasteur, les membres du conseil déclarèrent formellement que le culte aurait bien lieu ce jour là à 15 h 30, dans la nouvelle église de la rue Trân Nao.

A 15 heures, des centaines de policiers et de fonctionnaires gouvernementaux étaient déjà sur les lieux, utilisant tous les moyens aptes à intimider les fidèles et à les empêcher de participer au culte. Ils se tenaient sur la ruelle menant à l’Eglise, contactant chaque fidèle, les uns après les autres, les photographiant. Malgré cela, ce sont des centaines de fidèles qui pénétrèrent dans la nouvelle église. Il y avait même une troupe de scouts protestants. Ne pouvant bloquer l’accès à l’église, policiers et fonctionnaires gouvernementaux prirent place sur le parvis de l’église pour intimider et dissuader les fidèles. Tandis que se poursuivait le culte dans l’église, à l’extérieur, les agents gouvernementaux se concertaient pour savoir comment disperser l’assemblée.

A la fin des cérémonies, les forces de l’ordre essayèrent d’obliger le pasteur et son conseil à signer un compte rendu mentionnant qu’une séance de culte avait été organisée sans permission dans une église bâtie sans autorisation, mais les intéressés refusèrent de signer. Le pasteur, invité dans la soirée à une séance de travail (interrogatoire) au Comité populaire déclina l’invitation prétextant la fatigue. Un nouveau culte était prévu dans la nouvelle église pour le dimanche suivant, 13 juillet 2003.