Eglises d'Asie

La deuxième personnalité du bouddhisme unifié est libérée de sa peine de résidence surveillée

Publié le 18/03/2010




Les mesures de libéralisation dont a bénéficié le patriarche du Bouddhisme unifié, le vénérable Thich Huyên Quang, ont également affecté son second, le vénérable Thich Quang Dô. A 15 heures, le 27 juin dernier, des cadres du Comité populaire du district Phu Nhuân, à Hô Chi Minh-Ville, sur ordre du tribunal populaire du district, se sont rendus au monastère de Thiên Thanh Minh où le religieux est détenu dans sa propre cellule, depuis le 1er juin 2001 et lui ont fait la lecture de la décision mettant un terme à sa détention.

Dans un entretien téléphonique avec les responsables du Bureau international d’information bouddhiste (1), le religieux a rapporté son entretien avec les cadres venus lui annoncer sa libération. Entre autres choses, il a refusé de solliciter des autorités du district un (ho khau), livret familial servant de permis de résidence, pour continuer de résider en son couvent, arguant qu’il y vivait depuis 1960, avant le changement du régime, et qu’il y était revenu après son exil de dix ans au Thai Binh. Dès sa libération, le religieux a tenu à faire savoir qu’il était décidé à continuer sa lutte pour les droits de l’homme et la liberté religieuse.

Il a défini ainsi les trois objectifs immédiats poursuivis par lui. En premier lieu, il désire obtenir le rétablissement du statut légal du bouddhisme unifié et la possibilité pour lui de mener ses activités religieuses. Il exige également du gouvernement que celui-ci rende à l’Eglise bouddhiste unifiée les établissements religieux, éducatifs, sociaux, caritatifs accaparés après 1975. Cette réclamation porte en premier lieu sur la pagode Vietnam Quôc Tu, où se trouvent les deux instituts qui forment la tête du Bouddhisme unifié, l’Institut supérieur du clergé, “Viên Tang Thông siège du patriarcat et l’Institut pour la propagation du Dharma, “Viên Hoa Dao sorte de Comité exécutif dont le vénérable Thich Quang Dô est responsable. En dernier lieu, le religieux demande au gouvernement de fournir des éclaircissements sur les circonstances dans lesquelles a disparu en prison en octobre 1978 le religieux Thich Thiên Minh, qui, à l’époque, était conseiller à l’Institut pour la propagation du Dharma.

Dans les jours qui ont suivi la mise en liberté du responsable de l’Institut de la propagation du Dharma, celui-ci a pu reprendre une certaine vie publique. Plusieurs rencontres ont eu lieu. Le 30 juin, le religieux a reçu le consul des Etats-Unis à Hô Chi Minh-Ville, Mme Emi Yamauchi. L’entretien a porté sur la liberté religieuse et la contribution que les religions peuvent apporter à une société marquée par la fragilité des règles morales et la montée des fléaux sociaux. “Si l’on excepte les deux millions de membres du Parti communiste vietnamien, a-t-il fait remarquer, les 80 millions d’habitants du Vietnam sont presque tous adeptes d’une religion. La liberté religieuse est donc la condition préalable de tout développement du pays.” Le 10 juin suivant, il reprenait les mêmes thèmes avec un journaliste de Press.

Dès les premières années qui suivirent le changement de régime de 1975, Thich Quang Dô apparut, en compagnie du religieux Thich Huyên Quang, comme une figure emblématique de la résistance du bouddhisme unifié à la volonté d’assimilation des autorités de l’heure. Dès le 3 mars 1977, en tant que responsable de l’Institut supérieur du clergé, il avait envoyé une lettre aux religieux et religieuses du pays, leur confiant son inquiétude devant l’étendue de la répression religieuse. Le 6 avril suivant, il était arrêté à la pagode An Quang, avec quelques autres dirigeants du bouddhisme. Un procès eut lieu en décembre 1978, à la suite duquel il fut libéré. Lorsque fut fondée en novembre 1981, l’Eglise bouddhiste du Vietnam, placée sous le contrôle direct du Front patriotique, son opposition au pouvoir redoubla. Par une mesure administrative émanant de la municipalité de Hô Chi Minh-Ville, il fut relégué dans sa province natale de Thai Binh où sa mère vint le rejoindre pour y mourir en 1985. En mars 1982, de sa propre initiative, il est de retour à Saigon. En 1995, suite à un écrit de 44 pages envoyé au secrétaire général du Parti et une tentative d’assistance aux victimes des inondations, non autorisée par l’Etat, il est de nouveau arrêté puis condamné à cinq ans de prison. En septembre 1998, il revient à Saigon. A la suite d’un appel lancé par lui en faveur de la démocratie, le 1er janvier 2001, il est placé en résidence surveillée dans son propre couvent de Thanh Minh Thiên, à Hô Chi Minh-Ville.