Eglises d'Asie

Dans le cadre du pays tout entier, les évêques catholiques de l’Inde lancent une grande campagne contre le sida

Publié le 18/03/2010




L’Eglise catholique en Inde qui gère actuellement 4 967 hôpitaux, 62 écoles d’infirmières et 1 981 centres de réhabilitation, vient d’achever l’élaboration d’un deuxième projet d’une politique nationale de lutte contre la pandémie du sida, dont le développement dans le pays a été foudroyant au cours de ces dernières années. Tout récemment, en effet, le département de la Santé du gouvernement fédéral a annoncé que 4 580 000 citoyens de ce pays étaient contaminés par le virus de la redoutable maladie. Le chiffre est en forte hausse sur celui relevé en 2001, qui s’élevait à 3 970 000.

Un premier projet avait été esquissé l’année dernière. Ce second projet a été mis au point au cours d’une réunion qui, les 8 et 9 août, a rassemblé à Bangalore des évêques qui ont débattu de ce sujet avec des représentants de différentes institution ecclésiales. Lors de cette réunion, une équipe de coordination a été créée à laquelle ont été conviés des délégués des plus grands organismes et hôpitaux gérés par l’Eglise catholique. A la prochaine réunion qui aura lieu au mois de septembre à Bangalore, l’équipe présentera un troisième projet de campagne contre l’épidémie. Déjà, de nombreuses propositions ont été faites, comme la nomination de conseillers d’orientation destinés à améliorer le soutien physique et moral des malades du sida dans les divers hôpitaux. D’autres changements pourraient avoir lieu par la suite. Cependant, les participants de la réunion ont exprimé le vou que la rédaction des directives d’animation de la campagne soit achevée avant la fin de l’année.

Selon le secrétaire de la Commission épiscopale de la santé, il s’agit là de la première réponse ecclésiale organisée au défi lancé par cette épidémie. Le texte du second projet souligne en effet que si l’actuel taux de contamination se perpétue, environ huit millions de personnes auront été contaminées en 2010. “Conscients de l’ampleur et de l’urgence du problème, a dit le secrétaire, nous pensons que, seule, une initiative concertée mise en ouvre d’une manière intensive et scientifique sera susceptible de prévenir la menace.” Les évêques désirent engager tout le personnel d’Eglise à collaborer avec eux dans la bataille qu’ils entament, à savoir les prêtres, les religieux et la totalité du laïcat. Cependant, l’Eglise ne mènera pas isolément cette lutte puisqu’elle souhaite s’associer à tous les efforts entrepris en ce domaine, ceux du gouvernement et des ONG, mais aussi aux initiatives prises par les diverses Eglises chrétiennes et par leurs institutions.

D’ailleurs, l’initiative de l’Eglise catholique se développe au moment où le gouvernement prend un certain nombre de mesures pour essayer de contenir l’épidémie. La dernière semaine de juillet, des parlementaires de toute l’Inde se sont rencontrés à New Delhi, pour débattre du problème. S’adressant à eux, le Premier ministre Atal Behari Vajpayee a fait remarquer que la maladie était devenue une source d’inquiétude nationale qui exigeait une réponse effective et sans retard.

Le second projet développe successivement un certain nombre de points que la campagne ecclésiale contre le sida devrait souligner au sein de la société indienne, l’importance de la collaboration avec les divers organismes public ou privés de lutte contre cette maladie, la prévention, le soin des malades effectivement atteints, la réhabilitation sociale, l’appel à la fidélité au sein du couple, la promotion et la diffusion de valeurs positives à respecter. Le projet fait également état de mesures à prendre dans les institutions catholiques ou de prises de position que celles-ci doivent respecter. Il est, par exemple, conseillé de multiplier les centres de diagnostic de l’épidémie. L’opposition de l’Eglise à l’avortement des mères séropositives est rappelée. Il est également suggéré que les enfants nés séropositifs soient adoptés par des couples en bonne santé.

La lutte proposée par les évêques porte aussi sur l’élimination de la discrimination dont sont victimes les personnes contaminées par le virus du sida. C’est pourquoi le document affirme l’opposition de l’Eglise aux tests obligatoires destinés à déceler l’existence éventuelle de la contamination, lors d’embauche dans certaines entreprises, avant le mariage, ou dans diverses autres occasions.