Eglises d'Asie

Le fait que désormais l’homosexualité n’est plus un obstacle à l’embauche dans la fonction publique soulève des réactions mitigées au sein des Eglises chrétiennes

Publié le 18/03/2010




La controverse a commencé au début du mois de juillet dernier lorsque les médias de Singapour ont rapporté que la politique du gouvernement à l’égard des homosexuels avait “tranquillement évolué” et que l’administration ne mettait plus d’obstacle désormais à l’embauche d’homosexuels pour “certains emplois qualifiés par ailleurs de “sensibles”. Les débats ont commencé après que le Premier ministre Goh Chok Tong a reconnu le fait dans une interview accordée au magazine américain Time, publiée fin juin ; très vite, un débat public s’est ouvert, principalement par le biais de tribunes libres adressées aux journaux de Singapour. Les Eglises chrétiennes ont également réagi, exprimant le plus souvent – mais pas toujours – leur opposition à la politique gouvernementale.

En ce qui concerne l’Eglise catholique, un communiqué daté du 3 août et publié par la Commission pour les questions bioéthiques de l’archevêché a rappelé la doctrine de l’Eglise en la matière : condamnation des pratiques homosexuelles et opposition à toute “discrimination injuste”. “Nous insistons pour faire la distinction entre l’amour à témoigner à une personne présentant des tendances homosexuelles et l’affirmation que les actes homosexuels vont à l’encontre de la loi morale naturelle. Par conséquent, quelles que soient les circonstances, de tels actes ne peuvent être justifiés pouvait-on lire dans le communiqué publié dans le journal de l’archidiocèse, Catholic News. Commentant ce communiqué, Anthony Tan, rédacteur en chef de The Prompt, un site Internet local d’informations catholique, a félicité l’archidiocèse pour le communiqué tout en demandant plus de conseils pastoraux pratiques. “Etant donné que, irrésistiblement, Singapour semble devenir une société plus libérale et permissive, contraire aux valeurs et à la morale chrétiennes, nous devons nous préparer à de nouvelles tempêtes a-t-il écrit sur son site, ajoutant : “Les croyants d’autres religions nous critiqueront. Notre jeunesse nous interrogera. Le style de vie gay apparaîtra simplement comme une option de vie, équivalente à une autre. Nous devons être prêts. Nous allons avoir besoin de l’aide de nos prêtres et de nos catéchistes.”

Du côté protestant, le Conseil national des Eglises, qui rassemble les principales dénominations protestantes, s’est réuni dès le 17 juillet pour débattre de la question. Rassemblant, entre autres, des anglicans, des méthodistes et des presbytériens, il devait décider d’un communiqué commun mais semble parcouru des divisions qui caractérisent la Communion anglicane à travers le monde sur le sujet de l’acceptation ou non des conduites homosexuelles. Un groupe de vingt chrétiens, tous protestants et appartenant à différentes dénominations, a appelé les chrétiens à contacter leurs députés pour les appeler à dénoncer la politique gouvernementale. Selon le pasteur Yang Tuck Yoong, de la Communauté de la pierre d’angle, “un consensus s’est dégagé pour rédiger sans délai un plan d’action que chaque pasteur et Eglise pourra adopter dans la bataille contre l’homosexualité”. Signe peut-être que la communauté protestante de Singapour n’est pas unie sur ces questions, le quotidien de Singapour The Straits Times, dans son édition du 23 juillet, a fait paraître la lettre d’un pasteur, le Rév. Yap Kim Hao, où celui-ci exprimait son plein soutien à la nouvelle orientation annoncée par le Premier ministre Goh.