Eglises d'Asie

Les responsables des principales religions disent leur opposition à l’intégration du Bureau pour les Affaires religieuses dans le Bureau pour la Culture du ministère de la Culture

Publié le 18/03/2010




Les responsables des huit plus importantes religions présentes en Corée du Sud ont fait savoir leur opposition à une réforme du ministère de la Culture qui a abouti à l’intégration du Bureau pour les Affaires religieuses dans le Bureau pour la Culture. Le 6 août dernier en effet, Lee Chang-dong, ministre de la Culture et du Tourisme, a annoncé que cette intégration, fruit d’une réorganisation de son ministère qui doit être confirmée en octobre prochain, avait pour but « de coordonner les politiques religieuse et culturelle [du gouvernement] dans la mesure où la religion est liée à chacun des aspects de la culture ». Pour les responsables religieux, réunis dans le Conseil coréen des leaders religieux (KCRL), la réforme mise en place au ministère de la Culture trahit une incompréhension de l’importance de la religion en Corée où plus de 60 % de la population pratiquent une religion.

Les réactions à la réforme du ministère de la Culture ont en fait été plus variées que ne le laisse penser la prise de position du KCRL (1). Du côté des protestants, le Conseil chrétien de Corée, qui rassemble différentes Eglises protestantes et qui fait partie du KCRL, s’est prononcé contre la réforme du ministère de la Culture mais le Conseil national des Eglises en Corée, qui rassemble d’autres dénominations protestantes, a appelé à la suppression pure et simple du Bureau pour les Affaires religieuses. Selon le pasteur Lim Heung-ki, secrétaire général adjoint du Conseil national des Eglises en Corée, le Bureau pour les Affaires religieuses, créé lors de la dictature militaire (2), n’a pas de raison d’être aujourd’hui. Moins les religions entretiennent de relations avec le gouvernement, meilleure est la situation, a-t-il expliqué en substance.

Au sein même du KCRL, les positions sont relativement nuancées. Bien que le communiqué diffusé le 8 août par le KCRL a été signé par des personnalités telles que le vénérable Bubjang, responsable de l’ordre Chogye, la plus importante dénomination bouddhiste du pays, et par Mgr Boniface Choi Ki-san, évêque du diocèse catholique d’Inchon et président de la Commission épiscopale pour le dialogue interreligieux et la promotion de l’unité chrétienne, on peut percevoir des degrés dans l’opposition des religions à la réforme du ministère de la Culture. Ainsi, le P. John Bosco Hong Chang-jin, secrétaire de la Commission épiscopale présidée par Mgr Choi, a précisé le 12 août que l’Eglise catholique avait apposée sa signature au communiqué du KCRL « par solidarité avec les autres religions [représentées au sein du Conseil] ». Le prêtre a expliqué que, contrairement à d’autres religions, l’Eglise catholique avait très peu à voir avec le Bureau pour les Affaires religieuses. Remarquant que les fonds distribués par le Bureau l’avaient été au profit exclusif de certaines religions, il a déclaré qu’une réforme était « certainement » nécessaire. Le P. Hong n’a toutefois pas estimé que le Bureau devait être fermé, son rôle dans les questions sociales mises en avant par les différentes religions, telles que la paix, le respect de la vie et la réconciliation entre les deux Corée, étant réel.

Parmi les partisans les plus affichés de la nécessité de maintenir un Bureau pour les Affaires religieuses en Corée se trouvent les bouddhistes et une partie des protestants. Le vénérable Hyongo, porte-parole de l’ordre Chogye, a ainsi fait remarquer le 13 août dernier que l’efflorescence de multiples dénominations religieuses créait une certaine confusion parmi les Coréens. Indiquant que le nombre des dénominations protestantes s’élevait aujourd’hui à « presque trois cents il a déclaré qu’un tel phénomène pouvait potentiellement être à la base de conflits religieux. Le pasteur Park Chun-yil, secrétaire exécutif du Conseil chrétien de Corée, était allé dans le même sens la veille, déclarant à l’agence Ucanews que le Bureau pour les Affaires religieuses avait joué un rôle pour « distinguer les sectes parmi les nombreuses nouvelles religions et contrôler selon les termes de la loi les nouveaux séminaires ». Si le Bureau venait à être fermé, a ajouté le responsable protestant, il serait plus difficile « d’appréhender la situation religieuse et de prévenir les conflits entre les religions ».