Eglises d'Asie

Les responsables diocésains de la pastorale des immigrés s’organisent pour devenir une force de proposition au service des travailleurs immigrés

Publié le 18/03/2010




Sous la direction de Mgr Peter Kang Woo-il, évêque de Cheju et président de la Commission épiscopale pour la pastorale des migrants et des itinérants, les responsables diocésains de la pastorale des immigrés se sont réunis le 10 juillet dernier. C’était leur première réunion nationale depuis que Mgr Kang avait demandé en mars dernier à chaque diocèse de désigner un responsable des questions soulevées par la présence de travailleurs étrangers en Corée (1). Sur les quatorze diocèses du pays, treize étaient représentés à la réunion, les débats portant sur l’orientation que doit prendre la pastorale des immigrés au niveau national et les actions concrètes à entreprendre.

Pour les délégués, le travail à accomplir est très important. Selon le P. Raymond T. Sabio, mission-naire philippin responsable d’un centre d’accueil des travailleurs étrangers dans le diocèse d’Inchon, il est urgent d’attirer l’attention sur le sort, inhumain selon lui, fait aux immigrés venus chercher du travail en Corée du Sud. Le plus souvent, a-t-il témoigné, les immigrés sont contraints de travailler sept jours sur sept et ceux d’entre eux qui sont chrétiens n’ont pas le loisir d’assister aux offices dominicaux. “Notre Eglise devrait faire savoir au monde la vie tragique que mènent les travailleurs étrangers a-t-il déclaré. Le P. Damiano Sohn Tae-sung, du diocèse de Pusan, a insisté sur le fait que l’Eglise catholique en Corée du Sud doit reconnaître que, par rapport à nombre d’ONG, elle a pris du retard dans l’aide à apporter aux immigrés.

Un domaine dans lequel l’Eglise devrait apporter son point de vue est celui de la législation. Actuellement, la plupart des immigrés arrivent en Corée au titre du “Système de formation industrielle” qui leur donne le droit de rester trois ans dans le pays – un an pour se former et deux ans pour travailler. Cependant, la législation actuelle fait qu’en restant dans ce système, les immigrés sont payés moitié moins que le prix du marché. De ce fait, une fois dans le pays, les immigrés quittent les sociétés où ils sont en formation pour chercher ailleurs un emploi plus rémunérateur mais, ce faisant, ils tombent dans l’illégalité. Le ministère du Travail souhaite abolir ce système. Selon les statistiques du ministère de la Justice, en décembre 2002, la Corée du Sud comptait 361 000 travailleurs immigrés, 290 000 d’entre eux étant dans l’illégalité. En décembre 1990, le nombre d’immigrés illégaux n’était que de 100 000. Le projet de loi auquel travaille le ministère du Travail instaurerait un “Système de permis d’emploi” autorisant les entreprises à embaucher pour trois ans des étrangers à la seule condition qu’elles soient dans l’incapacité d’employer des travailleurs coréens. Dans ce nouveau système, les travailleurs immigrés pourraient adhérer aux syndicats et souscrire des assurances sociales, tout comme les nationaux. Ce projet de loi est actuellement en discussion devant la Commission des lois de l’Assemblée nationale.

Pour le P. Andrew Hur Yun-jin, président de la Commission pastorale pour le travail de l’archidiocèse de Séoul, le projet de loi, s’il représente un progrès, maintiendra néanmoins dans l’illégalité 70 % des 290 000 travailleurs étrangers illégaux, susceptibles d’être expulsés à tout moment. Selon lui, les droits des travailleurs étrangers seraient mieux protégés si un véritable permis de travail était instauré. Afin de peser sur les discussions à venir à la Chambre des députés, la Commission épiscopale pour la pastorale des migrants et des itinérants publiera prochainement un document sur le sujet. Mgr Kang a ajouté qu’il serait opportun que les évêques, au sein de la Conférence épiscopale, publient un texte sur les travailleurs immigrés.