Eglises d'Asie – Indonésie
Timor occidental et Florès : les dirigeants des principales dénominations protestantes souhaitent que les Témoins de Jéhovah, interdits en Indonésie de 1976 à 2001, soient de nouveau bannis
Publié le 18/03/2010
Le 12 août dernier, à Kupang, chef-lieu de la province et ville située au Timor occidental, des représentants de Témoins de Jéhovah ont réfuté devant des journalistes de l’agence Ucanews les accusations portées contre eux. Selon eux, leur groupe ne fait que répandre l’enseignement contenu dans la Bible et utilise la version de la Bible utilisée par la quasi-totalité des Eglises protestantes en Indonésie, la traduction éditée par l’Association biblique indonésienne.
Pour Zeth Snae, membre du conseil de l’Eglise protestante évangélique à Timor, la plus importante dénomination protestante du Timor occidental, les dénégations des Témoins de Jéhovah ne tiennent pas et les fidèles catholiques et protestants “sont très perturbés, entre autres choses, par l’enseignement (des Témoins de Jéhovah) selon lequel Jésus-Christ n’est pas une personne divine”. Précisant que des chrétiens ont déposé des plaintes auprès des autorités au Timor occidental et à Florès, Zeth Snae rapporte que ces fidèles “se sentent très perturbés par le porte-à-porte systématique auquel se livrent les membres de cette secte”. Le P. Yustinus Tegu, curé de la paroisse catholique de la Sainte Famille à Sikumana, village situé à proximité de la ville de Kupang, témoigne pour sa part du fait qu’il n’a jamais reçu personnellement de visite des Témoins de Jéhovah mais que ses paroissiens s’en sont plaint et qu’il a dû les mettre en garde contre leur enseignement.
A Kupang, le bureau local des Affaires religieuses n’a pas réagi à la lettre des responsables protestants. Un de ses responsables a cependant déclaré à l’agence Ucanews : “Je suis musulman mais je sais que, selon l’enseignement chrétien, le prophète Isa (Jésus) doit être honoré. Mais les Témoins de Jéhovah affirment que le prophète Isa n’est pas un prophète. Même en tant que musulman, cela me gêne.”
Après l’indépendance, seules cinq religions ont été officiellement reconnues (le bouddhisme, le catholicisme, le protestantisme, l’hindouisme et l’islam), les citoyens indonésiens étant obligés de déclarer leur appartenance à une de ces cinq religions. Ce n’est qu’après la chute du président Suharto que les choses ont commencé à changer. Le président Abdurrahman Wahid a levé l’interdiction pesant sur le confucianisme et la religion bahaï en 2000 et sur les Témoins de Jéhovah en 2001, donnant ainsi de facto aux Indonésiens la liberté de pratiquer la religion de leur choix.