Traduire la Bible en langue ouzbek n’est pas une tâche facile : biblistes et traducteurs y travaillent d’arrache-pied

Publié le 18/03/2010




Equipés d’ordinateurs portables et installés dans d’étroits bureaux remplis de dossiers, trois traducteurs et deux rédacteurs s’attachent sans relâche à traduire en ouzbek la version hébraïque de la Bible. Selon l’un d’entre eux, Nasimkhon Rakhmonov, 60 ans, cette petite équipe, appartenant à la “Société biblique d’Ouzbékistan” (BSU), travaille pour l’instant à traduire dans sa langue maternelle les livres de Daniel, de l’Ecclésiaste, des Juges, les deux livres des Rois et les deux livres de Samuel. Nasimkhon Rakhmonov, par ailleurs professeur de philologie à l’université de Tachkent, souligne que le travail commencé cinq ans plus tôt est un travail harassant et de longue haleine. Les cinq traducteurs travaillent cinq jours par semaine. Leur traduction terminée et rédigée, des théologiens la vérifient avant publication.

Un ordinateur de bureau est nécessaire pour le travail de mise en page mais les ordinateurs portables sont indispensables pour les traducteurs qui peuvent ainsi transporter leur travail avec eux. Systématiquement, ils les emportent pour aller de bureau en bureau consulter leurs collègues et corriger ensemble le travail effectué. Des piles de dictionnaires et d’éditions de référence de la Bible en russe et en anglais sont dans tous les bureaux. Les Proverbes, Jonas, Ruth et Esther sont prêts pour l’imprimerie. Quand la traduction d’un livre est terminée et le texte rédigé, le manuscrit est encore soumis au jugement d’un groupe de lecteurs ouzbeks chrétiens pour un dernier test de lisibilité.

Membre de l’Alliance biblique universelle, basée à Londres (1), la BSU a été fondée en novembre 1993. Son directeur, Serge Mitin, explique que “ce projet a démarré en 1998 pour donner aux Ouzbeks la possibilité de lire la Bible dans leur langue”. En 1989, l’ouzbek a remplacé le russe pour devenir la langue officielle de l’Ouzbékistan. Il est utilisé par les 18 millions d’Ouzbeks de cette République d’Asie centrale. Le peuple ouzbek, 25 millions de personnes, est dispersé entre l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, le Tadjikistan, l’Afghanistan et la Chine. Les Ouzbeks sont musulmans sunnites à 88 %. Leur langue, l’ouzbek, appartient à la famille des langues turques.

La partie de l’Asie centrale qui forme aujourd’hui l’Ouzbékistan était une République soviétique en 1924. L’alphabet arabe y était utilisé jusqu’à l’introduction de l’alphabet romain en 1928-1929. En 1940, le cyrillique lui fut substitué. Lors de l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, l’Ouzbékistan a abandonné le cyrillique pour revenir à l’alphabet romain. Tous ces changements ont convaincu la BSU qu’il fallait publier l’Ancien Testament en cyrillique simplement du fait que les personnes âgées sont peu familiarisées avec l’alphabet romain. Pour les jeunes générations, passées sur les bancs de l’école publique, le “nouvel alphabet” restauré ne présente pas de difficulté.

La BSU met l’accent pour l’instant sur l’Ancien Testament mais projette de réviser la version ouzbek des Evangiles, de la Genèse et des Psaumes publiée il y a seize ans en Russie par l’Institut de traduction biblique. L’Ancien Testament terminé, elle s’attaquera donc à la révision des Evangiles traduits par leurs prédécesseurs russes peu familiers de l’ouzbek.

La législation de l’Ouzbékistan sur les religions interdisant toute activité missionnaire, il est impossible de trouver des Bibles dans les librairies. On ne peut les trouver qu’au siège de la BSU à Tachkent ou dans les paroisses, protestantes, catholiques ou russes orthodoxes qui, toutes, collaborent au travail de la BSU.