Eglises d'Asie

Venus de plusieurs pays d’Asie, des délégués chrétiens et musulmans réunis aux Philippines ont condamné le terrorisme et promis de s’engager plus avant en faveur du dialogue

Publié le 18/03/2010




A l’initiative de la Conférence des évêques et des oulémas, ex-Forum des évêques et des oulémas du sud philippin (1), une centaine de délégués chrétiens et musulmans, venus de plusieurs pays d’Asie, ont pris part du 18 au 21 août dernier à la première “Assemblée asiatique des oulémas musulmans et des évêques chrétiens”. A l’issue de cette “assemblée tenue à Pasay City, non loin de Manille, un communiqué commun a été publié. “Nous, croyants de religions de la paix, sommes appelés à proclamer, à vivre et à travailler pour la paix. Nous condamnons toutes les formes d’extrémisme, d’oppression et de terrorisme. [.] Nous pensons que ces actes sont des atteintes directes à notre dignité commune et partagée”, pouvait-on lire dans ce communiqué, intitulé : “Un temps pour la paix, un temps pour bâtir”. Si le gros des délégués venait des Philippines, des responsables religieux du Bangladesh, de Hongkong, du Japon, d’Inde, d’Indonésie, de Malaisie, de Birmanie, de Singapour, du Sri Lanka, de Taiwan, de Thaïlande, d’Ouzbékistan ainsi que de Libye avaient fait le déplacement.

Si l’actualité irakienne occupait bien entendu les esprits, l’attentat meurtrier contre le quartier général des Nations Unies à Bagdad s’étant produit le 19 août, les débats ont porté sur la situation de l’Asie. Dans cette région du monde où “de graves conflits internes” existent entre les peuples d’Asie et sont souvent mis sur le compte des religions, ont noté les délégués, il est nécessaire d’affirmer que le devoir des responsables religieux est aussi de promouvoir une culture de la paix ainsi que d’ouvrer pour transformer ces conflits en forces positives de changement social. La méconnaissance de la religion de l’autre, l’ignorance de l’histoire, de la culture et de l’identité des peuples ainsi que l’incompréhension des facteurs ethniques sont parmi les facteurs qui ont été cités pour expliquer les conflits existant en Asie. D’autres facteurs ont également été mis en évidence tels les tensions majorité / minorité, gouvernement / population ou bien encore la perpétuation des clichés par les médias.

Rédigé par un comité de volontaires réunissant des représentants catholiques, protestants et musulmans, le communiqué final affirme la volonté des responsables religieux de s’engager dans la voie du dialogue : “Nous nous engageons à ouvrir grandes les portes du dialogue et à sans cesse rechercher le contact avec l’autre dans un authentique dialogue de vie et d’actions concrètes entre musulmans et chrétiens en Asie.” Mgr Fernando Capalla, archevêque du diocèse philippin de Davao et président de la Conférence épiscopale philippine, a déclaré que la Fédération des Conférences épiscopales catholiques d’Asie, la Conférence chrétienne d’Asie (protestante) et les organisations musulmanes de Malaisie et d’Indonésie pourraient réfléchir à mettre sur pied à l’échelon de l’Asie ce qui existe depuis 1996 aux Philippines avec la Conférence des évêques et des oulémas.

De l’avis général, l’élargissement de la Conférence des évêques et des oulémas des Philippines au reste de l’Asie a été bien accueilli par les participants à cette Assemblée. Cependant, certains délégués ont critiqué le fait que cet élargissement s’est fait pour répondre à la volonté de la présidence des Philippines, confrontée à la crise persistante de Mindanao où son armée se heurte à des indépendantistes musulmans. Pour Mgr Jose Manguiran, évêque du diocèse philippin de Dipolog, le fait que l’assemblée a été financée par le gouvernement philippin obère sa capacité, notamment aux yeux de certains musulmans, à produire un message neutre et donc efficace.