Eglises d'Asie

Au Cambodge, le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU tente de régulariser la situation de nouveaux réfugiés venus des Hauts Plateaux du Centre-Vietnam

Publié le 18/03/2010




L’exode des montagnards des Hauts Plateaux du Centre-Vietnam vers les provinces du Nord-Est du Cambodge est loin d’être achevé. Selon des nouvelles diffusées par Radio Free Asia à la fin du mois d’août, une vingtaine de réfugiés venus du Vietnam se cachaient depuis six semaines dans la région frontalière, vivant de tubercules et de pousses de bambou, en proie au paludisme, alors que des fonctionnaires du Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies (UNHCR) essayaient d’obtenir des autorités cambodgiennes la possibilité d’entrer en contact avec eux.

Selon des membres de groupes et des sources militaires cambodgiennes qui ont voulu garder l’anonymat, ce sont plus de soixante Vietnamiens issus de différentes ethnies montagnardes qui ont quitté le Vietnam pour fuir la pression et les menaces des autorités vietnamiennes. Ils ont pénétré dans la région forestière de Koh Nhek, dans la province de Mondolkiri, le 20 juillet dernier. La faim et la maladie ont poussé trente-quatre d’entre eux à renoncer à leur tentative et à retourner vers le Vietnam. Quatre ont été arrêtés. Deux se sont placés sous la protection de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés. Les vingt autres, dont la situation de santé est critique, essaient aujourd’hui de survivre.

Les animateurs du groupe de réfugiés essaient de trouver une aide auprès de l’ADHOC, groupe local de défense des droits de l’homme à Rattanakiri. Deux réfugiés ont même réussi à se faire héberger par le HCR de cette ville. L’agence des Nations Unies a entrepris des négociations avec les autorités cambodgiennes pour obtenir de celles-ci une forme d’autorisation de séjour par les réfugiés montagnards. Dans un entretien avec Radio Free Asia, un porte-parole du ministère de l’Intérieur cambodgien a déclaré que son gouvernement était disposé à discuter et à coopérer avec le HCR pour déterminer si ces personnes peuvent être appelées “réfugiées”. Cependant, il a laissé entendre qu’il doutait que, d’un pays comme le Vietnam, où ne sévit aucune guerre civile, puissent provenir des demandeurs d’asile.

Les autorités cambodgiennes n’ont fait aucun autre commentaire à ce sujet. Les responsables vietnamiens au Cambodge ont également gardé le silence. On a pu cependant entendre un communiqué de l’ambassade des Etats-Unis au Cambodge, diffusé par Radio Free Asia, prenant nettement parti pour l’accueil des réfugiés montagnards. Il demande au gouvernement cambodgien de permettre au HCR d’accomplir la mission qui lui est prescrite par la Convention relative au statut des réfugiés et il encourage le gouvernement royal du Cambodge d’honorer ses engagements de signataire de la Convention de 1951.

L’exode des Montagnards du Vietnam au Cambodge avait commencé au lendemain des manifestations des ethnies minoritaires du début février 2001 sur les Hauts Plateaux du Centre-Vietnam et de la répression policière qui avait suivi. Au milieu de l’année 2001, un millier d’entre eux étaient hébergés dans deux camps des provinces orientales de Mondolkiri et de Ratanakiri au Cambodge. Le 21 janvier 2002 (1), le Cambodge, le Vietnam et le HCR s’étaient mis d’accord sur un programme de rapatriement des pensionnaires de ces camps. Cependant, l’absence de garanties concernant la sécurité des futurs rapatriés, ainsi qu’un certain nombre d’incidents dus à la police cambodgienne ramenant les réfugiés dans leur pays manu militari et aux incursions des autorités vietnamiennes à l’intérieur même des camps de réfugiés au Cambodge, avaient amené les responsables du HCR à dénoncer l’accord tripartite le 23 mars 2002 (2) et, trois jours plus tard, à proposer puis à organiser l’installation des pensionnaires des camps aux Etats-Unis. Cette rupture des accords est loin, semble-t-il, d’avoir mis un terme à l’exode des Montagnards vers le Cambodge et aux pratiques policières exercées contre eux de la part des polices vietnamienne et cambodgienne. Des procès ont condamné de nombreux militants montagnards à de fortes peines de prison. Cet état de chose a été dénoncé par des organisations humanitaires comme Amnesty International et Human Rights Watch (3).