Eglises d'Asie – Corée du sud
L’Eglise catholique s’inquiète du nombre toujours plus faible des baptêmes d’enfants
Publié le 18/03/2010
Le P. Song rappelle qu’autrefois, en Corée du Sud, il était « normal de baptiser un bébé dès la première semaine de sa naissance ». Aujourd’hui, explique-t-il, les parents ne comprennent pas le sens du sacrement, « alors que c’est à travers lui que la gratuité de la grâce du salut accordée par Dieu se manifeste le mieux Selon lui, les nouvelles directives des évêques sont là pour rappeler à tous l’enseignement de l’Eglise et la signification du sacrement de baptême : une naissance à la vie divine. En 1995, déjà, dans le « Directoire pastoral de l’Eglise de Corée les évêques recommandaient aux parents de faire baptiser leurs enfants aussi tôt que possible dans les cent jours suivant la naissance.
De fait, les témoignages sont nombreux pour montrer que les évêques n’ont pas été totalement entendus sur ce point. Scholastica Ryu Yung-mee, 35 ans, explique ainsi que sa foi personnelle n’est pas assez forte pour vouloir que sa fille soit baptisée « seulement parce que moi, sa mère, je suis catholique ». Elle ne va pas à l’église et ne sait pas encore si elle fera baptiser sa fille déjà âgée de 8 ans, parce qu’elle ne voit pas très bien la relation qui existe entre le salut de l’âme et le baptême. Quant à Emiliana Lee Hye-Kyeong, 41ans, elle pense que la religion donne certes des bases solides pour vivre mais ne veut pas pour autant faire baptiser sa deuxième fille : « La première, je l’ai forcée à recevoir le baptême à 10 ans. Elle ne veut plus aller à l’église. Alors je veux que la deuxième puisse choisir elle-même ». Ahn Sang-hyun, baptisé à l’âge de 20 ans, avoue ne pas aller régulièrement à l’église et dit ne pas vouloir, lui non plus, faire baptiser ses deux enfants, parce que « pour moi, la liberté de conscience est plus importante que la grâce du salut ». Joseph Lee Chan-hee, un architecte de 47 ans, n’a pas fait baptiser sa fille mais « de temps en temps l’emmène à l’église pour qu’elle se familiarise un peu avec un environnement catholique ».
La décision d’attendre que les enfants choisissent eux-mêmes leur religion montre, en tout état de cause, que « ces jeunes parents catholiques ne sont pas satisfaits de leur religion fait remarquer le P. Song. « L’Eglise doit apprendre aux catholiques le sens profond du sacrement de baptême et son importance pour leurs enfants explique le prêtre qui souhaite voir une pastorale plus dynamique chez les prêtres, avec visites individuelles aux familles pour leur rappeler leur devoir de parents chrétiens. Il reconnaît cependant que la diminution des baptêmes d’enfants peut aussi s’expliquer par la diminution du nombre des naissances en Corée du Sud. Selon le Bureau national des statistiques, le taux de fécondité des Coréennes se classait en 2002 parmi les plus faibles du monde, avec 1,2 enfant par femme.
Dans le diocèse d’Inchon, le P. Gregorio Kim Yongki, nouveau vicaire à la paroisse de Pupyong 3-dong, dit ne baptiser que deux ou trois enfants par mois et qu’à la messe des jeunes, six lycéens seulement sont présents. Ce prêtre, de retour d’une expérience missionnaire de treize ans aux Philippines, se souvient avec nostalgie des « vingt ou trente baptêmes d’enfants hebdomadaires célébrés dans la fête… Une telle habitude de foi n’existe pas en Corée ». Interrogés sur le sujet, des curés reconnaissent que, dans leurs paroisses, les baptêmes d’enfants relèvent généralement du vicaire. Le P. Benedict Song Young-oh, curé de la paroisse d’Indeokwon, dans le diocèse de Suwon, et directeur de l’Institut pour la pastorale familiale du diocèse, estime même que les prêtres n’introduisent pas ou peu leurs paroissiens au sacrement du baptême : « Les jeunes parents catholiques ne savent rien de ce sacrement. Ils le voient comme un fardeau et non comme une grâce. » Il suggère donc qu’une initiation soit faite à l’occasion de la préparation au mariage des jeunes couples.
Pour Sour Silvia Park Myoug-sook, responsable de la Commission pour l’éducation et la sauvegarde de la petite enfance au sein de l’Association des supérieures majeures, il est urgent de réagir car « en grandissant, les enfants adoptent naturellement la religion qui leur est familière » ; de là « l’importance du baptême bien compris et vécu, en famille, dans la joie d’une seconde naissance ».