Eglises d'Asie – Indonésie
Moluques : décrété il y a trois ans, “l’état d’urgence civile” a été levé dans la province, dénotant un réel apaisement des tensions intercommunautaires
Publié le 18/03/2010
A Djakarta, Susilo Bambang Yudhoyono a déclaré que le gouvernement indonésien espérait qu’en dépit de la levée de l’état d’urgence, “les efforts pour maintenir la sécurité et l’ordre pourront être menés à bien”. A Amboine, chef-lieu de la province des Moluques, la mesure a été bien accueillie, même si elle n’a pas constitué une surprise. Le 10 septembre, le couvre-feu qui avait été décrété dans la ville et ses environs le 27 juin 2000, en même temps que l’état d’urgence civile, avait été supprimé. Depuis quelques mois, il n’était plus véritablement respecté et la vie avait repris ses droits à Amboine, les marchés, l’université et différents lieux de vie sociale fonctionnant à nouveau. Diverses manifestations ont témoigné qu’il était à nouveau possible que musulmans et chrétiens vivent cordialement côte à côte (3). Le 8 septembre, la ville avait célébré son 428e anniversaire par d’importantes manifestations de fraternité. Yusuf Kalla, ministre en charge des Affaires sociales et acteur-clef des accords de Malino, avait fait le déplacement depuis la capitale indonésienne pour être fait citoyen d’honneur d’Amboine. Enfin, les élections du 16 août dernier qui ont vu l’Assemblée législative de la province désigner Karel Albert Ralahalu, un chrétien, et Mohammad Abdullah Latuconsina, un musulman, comme gouverneur et vice-gouverneur de la province pour 2003-2008, se sont déroulées dans le calme et n’ont pas été contestées.
Selon Mgr Petrus Mandagi, évêque du diocèse catholique d’Amboine, la levée de l’état d’urgence était un préalable nécessaire au redressement économique de la province. Le calme revenu, c’est en effet la priorité locale, a-t-il estimé. L’économie reste très atone ; le tourisme ne redémarre pas étant donné que, sauf exception, Djakarta interdit aux étrangers de revenir dans l’archipel des Moluques. De plus, la présence de 200 000 personnes déplacées, qui vivent toujours dans des camps à la lisière d’Amboine et ailleurs dans l’archipel ou bien encore à Célèbes, constitue un problème important. En dépit du calme revenu, seuls 150 000 des 350 000 personnes déplacées par les violences ont choisi de retourner chez elles.