Eglises d'Asie

Un réfugié politique bouddhiste arrêté au Cambodge par la police vietnamienne va être jugé pour “fuite hors de son pays”

Publié le 18/03/2010




Selon un communiqué du Comité Vietnam pour les droits de l’homme (1), le porte-parole des Affaires étrangères du Vietnam, Lê Dung, a annoncé, le 12 septembre dernier, que le vénérable Thich Tri Luc, religieux se rattachant au bouddhisme unifié, actuellement détenu à Hô Chi Minh-Ville, était sur le point d’être traduit devant le tribunal populaire pour un crime que le Code pénal décrit ainsi à l’article 91 : “fuir son pays ou séjourner dans un pays étranger dans l’intention de s’opposer aux autorités populaires Ce crime, selon ce même article, est puni de trois à douze ans de prison. Le code précise en outre que pour les cas les plus graves, la peine peut être portée à douze ou vingt ans de prison, ou encore à la prison à vie.

C’est tout récemment que l’on avait appris la présence au Vietnam de ce moine de 49 ans (2). En effet, au cours de l’année 2002, il avait fui le Vietnam à destination du Cambodge, pour échapper aux pressions exercées contre lui par la police à cause de son appartenance au bouddhisme unifié non reconnu par le pouvoir civil. Le 28 juin, il avait obtenu du Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU à Phnom Penh le statut de réfugié. Bien que placé sous la protection de cet organe des Nations Unies, il avait été rapatrié de force. Le 25 juillet suivant, un Vietnamien non identifié s’était présenté dans sa résidence et l’avait obligé à monter dans une voiture. Pendant toute une année, on n’a plus entendu parler de lui jusqu’au mois de juillet dernier, date à laquelle sa famille a reçu du Tribunal populaire de Hô Chi Minh-Ville une convocation à assister au procès du religieux qui aurait dû avoir lieu le 1er août mais qui ensuite a été reporté à une date ultérieure. C’est ainsi que l’on a appris que, depuis sa mystérieuse disparition de Phnom Penh, il était détenu en secret au Centre de détention provisoire, 237 rue Nguyên Van Cu, dans le 1er arrondissement de Hô Chi Minh-Ville. Sa famille n’a été informée de cette adresse qu’il y a deux semaines. Elle est alors allée lui rendre visite, mais n’a pus s’entretenir avec le prisonnier qu’en présence de la police. Celle ci a déclaré aux parents du religieux que le procès était imminent.

Le porte-parole des Affaires étrangères avait précisé que le religieux avait été arrêté à la frontière du Cambodge au mois de juillet 2002. Le communiqué du Comité Vietnam qui rapporte cette déclaration fait remarquer qu’au mois d’août 2002 le précédent porte-parole avait affirmé ignorer tout du lieu où se trouvait le vénérable Thich Tri Luc et avait rejeté avec véhémence les craintes exprimées par le Comité s’inquiétant d’un possible rapatriement forcé du religieux par la police vietnamienne.

Le Haut Commissariat aux Réfugiés a fait savoir qu’il considérait toujours le vénérable Thich Tri Luc comme un réfugié politique, puisque le religieux n’était pas revenu dans son pays de son propre gré. Par ailleurs, le Comité Vietnam pour les droits de l’homme a demandé au gouvernement vietnamien d’accepter, lors du procès, la présence d’un avocat international qui sera désigné par la Fédération internationale des droits de l’homme.