Eglises d'Asie

A la suite de la publication par Rome d’un document relatif à l’homosexualité, l’Eglise catholique en Corée réfléchit à la mise en place d’un service de pastorale spécialisé

Publié le 18/03/2010




Le 31 juillet dernier, la Congrégation pour la doctrine de la foi, à Rome, publiait un document relatif à l’homosexualité, intitulé : « Considérations à propos de la reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles ». On pouvait, entre autres choses, y lire un rappel de la position de l’Eglise sur cette question : « Il n’y a absolument aucun fondement pour assimiler ou établir des analogies, même lointaines, entre les unions homosexuelles et le dessein de Dieu sur le mariage et la famille. » Le document a trouvé un écho favorable auprès des responsables de l’Eglise de Corée qui réfléchissent à la mise en place d’un service de pastorale spécialisé.

Selon le P. Timothy Jung Yeon-jung, secrétaire général de la Commission épiscopale pour la pastorale de la famille, l’Eglise, face aux unions homosexuelles, ne peut qu’éprouver de la « compréhension » pour les personnes mais en aucun cas « accepter » ces unions. L’Eglise a besoin de mettre en place une pastorale particulière au service des homosexuels mais, a-t-il insisté, à condition que les personnes concernées décident de lutter pour « revenir à une vie normale, i.e. hétérosexuelle ». L’idée qu’elles ont de leur identité sexuelle est confuse, a-t-il précisé, c’est pourquoi, avec l’aide et les conseils d’une pastorale adaptée, elles devraient pouvoir travailler à se corriger.

Face à cette position officielle de l’Eglise, des membres d’un groupe de défense de lesbiennes catholiques ont fait remarquer que l’attitude de l’Eglise qui, d’un côté, respecte les homosexuels et, de l’autre, réprouve leur union, était contradictoire. L’une d’elles a affirmé rejeter le document comme émanant de la hiérarchie romaine et non de Dieu, un document qui, d’après elle, montre bien que l’Eglise catholique ne se préoccupe pas de savoir si les homosexuels sont des gens blessés ou reconnus comme membres à part entière de l’Eglise. Une troisième a conclu en disant : « Dieu aime tout le monde, nous y compris. Ce qui est l’essentiel et qui prime tout. »

Le sous-secrétaire de la Conférence des évêques sud-coréens, le P. Paul Lee Chang-young, professeur de théologie morale, a reconnu pour sa part la nécessité de mettre sur pied un service de pastorale spécialisée car, a-t-il souligné, ce type de pastorale est difficile à assumer pour la grande majorité des prêtres de paroisse, peu au fait de ces questions ; d’autre part, parmi les personnes concernées, bon nombre d’homosexuels catholiques ont « du mal à révéler à leur curé leurs penchants homosexuels ». Selon lui, s’il est légitime que la question de l’homosexualité soit débattue dans l’Eglise, cela ne peut toutefois se faire que sur des bases solides de théologie morale ou de science médicale et non sur de simples opinions personnelles.