Eglises d'Asie – Inde
A l’occasion des élections de 2004, les chrétiens réactualisent la lutte pour l’extension aux dalits chrétiens des privilèges accordés aux autres dalits
Publié le 18/03/2010
Dans le contexte qui a suivi l’accession au pouvoir fédéral du parti nationaliste hindou, le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple Indien, BJP) en 1999, la formulation d’une telle demande avait pu paraître un temps hors de saison. Cependant dans le climat de préparation aux élections générales qui auront lieu en 2004, la revendication chrétienne et musulmane semble pouvoir prendre une nouvelle actualité. Lors de son congrès annuel qui s’est déroulé à Chennai du 6 au 7 septembre, l’Union catholique panindienne qui affirme représenter seize millions de laïcs catholiques du pays a exprimé l’inquiétude éprouvée par ses membres devant la grave injustice subie par les chrétiens exclus des privilèges réservés à leurs frères dalits. Les orateurs y ont accusé le gouvernement de se servir de la religion pour exercer une discrimination anti-chrétienne. La résolution publiée à l’issue du Congrès, appelle le gouvernement a étendre aux chrétiens les privilèges accordés aux autres dalits. Elle demande également aux Partis de l’opposition de soutenir la lutte des chrétiens issus des basses castes
Quelque temps auparavant, des dirigeants protestants et catholiques de quatre Etats de l’Inde, lors d’une consultation sur le thème “L’état de la libération des dalits dans l’Inde du Sud placée sous le patronage du Conseil national des Eglises en Inde et de la Commission épiscopale indienne pour les basses castes et les ethnies, s’étaient engagés à faire revivre la lutte pour l’égalité des droits. Les participants de cette rencontre qui s’est tenue à Hyderabad, la capitale de l’Andhra Pradesh du 29 au 30 août, étaient au nombre de quatre-vingt, originaires des Etats de l’Andhra Pradesh, du Karnataka, du Kerala et du Tamil Nadu. Au cours des débats, ils ont opté pour un travail de mobilisation auprès des parlementaires et pour diverses actions en justice mettant en lumière la discrimination exercée contre les chrétiens. Il a été également demandé aux établissements éducatifs chrétiens de trouver des ressources à l’intérieur et à l’extérieur du pays, ressources qui permettraient de dispenser une éducation anglophone aux dalits étudiants et leur donneraient la possibilité d’être à égalité avec les autres pour l’octroi de postes.
La consultation ocuménique d’Hyderabad, comme le Congrès de l’Union catholique de Chennai ont également fait remarquer que lorsque les privilèges pour les dalits ont été introduits par ordonnance présidentielle, il y a cinquante-trois ans, seuls les hindous étaient désignés comme bénéficiaires. Six années plus tard, le gouvernement révisait l’ordonnance pour y inclure les sikhs, après des protestations émises par leur communauté. En 1990, des réclamations portées par les bouddhistes ont entraîné une nouvelle révision de l’ordonnance en leur faveur. Les chrétiens et les musulmans ont donc un certain nombre de précédents à faire valoir en faveur de leur lutte.
On estime aujourd’hui à un million le nombre de catholiques venant de communautés indiennes hors caste. Les débats des deux réunions ont également souligné que ces derniers même à l’intérieur de l’Eglise, y compris au sein du clergé, se heurtent encore de façon plus ou moins ouverte au système de castes.